La poste américaine prise en otage dans la campagne électorale
2020-08-16 21:08:08
Donald Trump multiplie les attaques contre la populaire agence postale. Les démocrates l’accusent de vouloir saboter l’élection du 3 novembre, en limitant le vote par correspondance.
A la veille de leur convention nationale, les démocrates ne sont pas mécontents d’avoir trouvé une nouvelle cause : la défense de United States Postal Service (USPS), une institution populaire, menacée par Donald Trump. A moins de trois mois du scrutin, le président américain s’oppose à l’octroi d’un financement d’urgence à l’agence qui distribue le courrier des Américains depuis plus de deux cents ans, au risque de compromettre la tenue d’un scrutin où le vote par correspondance s’annonce massif du fait du coronavirus. Son rival Joe Biden l’accuse de vouloir saboter l’élection du 3 novembre.
« Save the post office, save our democracy » est devenu le cri de ralliement de la gauche : des militants en colère contre la réforme de la poste, soutenue par la Maison Blanche, aux candidats, ravis de se saisir ce nouveau motif de collecte de fonds. Jusqu’à Barack Obama, qui en a délaissé la traditionnelle réserve observée par les anciens présidents. « Tout le monde dépend de l’USPS, a-t-il tweeté vendredi. Les retraités pour leur pension. Les anciens combattants pour leurs prescriptions médicales, les petites entreprises pour subsister. Ils ne peuvent pas être les victimes collatérales d’une administration qui est plus préoccupée de supprimer les votes que de supprimer un virus. »
Samedi 15 août, une manifestation a eu lieu devant le domicile à Washington du nouveau directeur général de l’administration postale Louis DeJoy pour réclamer sa démission : « Postmaster : saboteur », accusaient les pancartes. Nommé en mai, M. DeJoy n’avait d’autre qualification pour la fonction que d’être un important collecteur de fonds de M. Trump et l’un des trois adjoints aux finances du Parti républicain.
Boîtes à lettres déplacées
Depuis sa prise de fonctions le 15 juin, il a entrepris tambour battant de restructurer une administration qui, certes, n’a pas équilibré ses comptes depuis 2006 (et accumule une dette de 160 milliards de dollars) mais reste l’une des rares institutions à conserver la sympathie des Américains (91 % d’opinions favorables selon un sondage publié en avril par le Pew Research Center, devant le CDC, l’agence en charge de la santé publique, en deuxième position avec 71 %).