L’enseignement supérieur bascule dans le monde post-Covid

  • 2020-08-21 17:18:35
« Shanghai Revolution » (5/5). Depuis sa création en 2003, le classement des universités réalisé par un institut chinois a bouleversé le monde de l’enseignement supérieur. La crise sanitaire devrait accélérer les transformations de la pédagogie et des modèles économiques. Depuis six mois, « Tolbiac » est vide. Les 12 000 étudiants de cette forteresse en béton brut, l’un des principaux sites de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, ont disparu à la mi-mars, contraints de se retrancher derrière leurs ordinateurs pour terminer leur semestre. En attendant leur retour à géométrie variable en septembre, le campus a adopté les codes du monde post-Covid : vigiles masqués, consignes sanitaires placardées sur les murs, flèches qui signalent au sol les sens de circulation… Certaines mènent jusqu’au bureau de Benoît Roques. Les crises mettent en lumière des personnalités de l’ombre : dans l’enseignement supérieur, ces inconnus s’appellent les « ingénieurs pédagogiques ». C’est le métier de cet ex-concepteur de sites Web, à la tête d’une équipe de quinze personnes organisée autour d’un studio vidéo et d’une poignée de salles modulables à écrans. Depuis cinq ans, ces professionnels de la pédagogie se sont multipliés dans l’enseignement supérieur, et aident les enseignants à basculer leurs cours en ligne. Enfin, c’est un peu plus compliqué : « On les aide à mobiliser le numérique au service de leur cœur de métier », corrige Benoît Roques. Comprenez : concevoir des cours en mode « classe inversée » (l’apprentissage se réalise en autonomie, et la classe, virtuelle ou réelle, sert aux discussions), filmer des vidéos de cours, constituer un catalogue de ressources en ligne, créer des quiz, des exercices, des évaluations à distance… « Avant, on devait lutter pour intéresser les enseignants, qui nous connaissaient à peine et nous confondaient avec des agents du service informatique. Depuis le confinement, la demande a explosé. On est passé de 25 à 200 sollicitations hebdomadaires. On a mis en place en deux semaines des choses qu’on pensait déployer en deux ans », constate Benoît Roques.

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