« Je ne m’occupe plus que du Covid » : infirmiers et médecins scolaires en première ligne
2020-10-12 14:48:08
La crise sanitaire a fait ressortir un « mal-être diffus » qui couvait chez nombre d’élèves, racontent infirmiers et médecins scolaires, qui officient dans les établissements.
C’est une vingt-troisième rentrée des classes que vient de faire Béatrice Saint-Germain, infirmière scolaire. Elle connaît « parfaitement » son établissement, à Niort. Elle connaît aussi la « très grande majorité » de ses 1 500 élèves (« surtout ceux qu’il faut suivre de près en raison de leurs problèmes de santé ») ; idem des enseignants et du personnel d’éducation. Et pourtant, tout lui semble « très différent » depuis le 2 septembre, jour de la rentrée.
« On se pensait préparés au rebond épidémique, on avait rouvert l’établissement en mai, et suivi de près l’évolution de la situation tout l’été… », raconte-t-elle. Et puis non : « Il faut faire avec l’imprévu », souffle cette porte-parole du syndicat Snies-UNSA. L’imprévu d’une circulation du virus qui « s’emballe ». L’ imprévu d’un protocole sanitaire déjà modifié à quatre reprises depuis le déconfinement. L’imprévu d’un climat dans les établissements où « tout le monde a été content de revenir », mais qui s’est détérioré rapidement.
« Le Covid a fait ressortir une forme de mal-être diffus qui couvait chez bon nombre d’élèves, observe cette infirmière. Des jeunes qui ont connu une coupure du lien social et qui ont vécu un isolement brutal. Cette émotion-là, cette souffrance rejaillit aujourd’hui. » Saphia Guereschi, affectée dans un collège rural de l’Yonne, se fait aussi l’écho d’une « angoisse diffuse » : « On le sait, le confinement a exacerbé le stress et les conflits intrafamiliaux. Les appels au 119 ont explosé, rappelle cette porte-parole du Snics-FSU, un autre syndicat d’infirmiers de l’éducation. Les effets de la crise sanitaire doivent encore être mesurés, mais je crains un effet rebond, une bombe à retardement au sein de la jeunesse. »