Affaire Nordahl Lelandais : un consultant de la télévision relaxé pour diffamation
2020-10-21 11:30:20
Sur NRJ12, en février 2019, Pascal Neveu avait qualifié de « prédateur sexuel » l’ancien militaire mis en examen pour le meurtre de la petite Maëlys de Araujo.
Oui, estime la 6e chambre de la presse du tribunal correctionnel de Lyon dans son jugement, il est « évident » que le propos tenu par Pascal Neveu, psychanalyste consultant pour « Crimes et faits divers. La quotidienne », en février 2019, sur NRJ12, « peut apparaître excessif, outrancier, et qu’il est sans doute bien peu scientifique s’agissant d’une paraphrase d’un rapport d’expert, voire simplement d’une relecture personnelle d’articles de presse ». Dans cette émission de Jean-Marc Morandini, M. Neveu avait commenté un rapport d’expertise publié par L’Express et qualifié Nordahl Lelandais de « prédateur sexuel ». Cet ancien militaire est accusé du meurtre du caporal Arthur Noyer, en avril 2017, et mis en examen pour le meurtre de Maëlys de Araujo, 8 ans, fin août 2017, lors d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère), ainsi que pour les agressions sexuelles de trois de ses petites cousines. Nordhal Lelandais accuse Pascal Neveu de diffamation.
Selon les magistrats, les observations exprimées par cet intervenant régulier de l’émission, présenté comme psychanalyste, étaient « complètement dépourvues de tout fondement, faute de s’appuyer sur un réel examen du sujet ». Mais, estime le tribunal, cela ne suffit pas pour qualifier juridiquement une diffamation. « Les propos retenus dans la poursuite ne font état d’aucun fait et d’aucune circonstance précise, évoquant plutôt une construction psychique et des traits de personnalité. »
Ainsi, relève le jugement de relaxe – qui exclut dans le même temps « l’abus de droit » dans l’action en justice menée par la partie civile –, la qualification de « prédateur sexuel » était « un avis », formé à partir d’extraits « d’un rapport d’expertise psychiatrique supposé correspondre à l’analyse de la personnalité de Nordahl Lelandais ».
Mais les faits amènent aujourd’hui à plusieurs certitudes sur la qualification de ce dossier. Le 6 octobre, les juges d’instruction de Grenoble n’ont pas mis en examen Nordahl Lelandais pour l’éventuel viol de Maëlys, excluant de ce fait un renvoi devant la cour d’assises de l’Isère sur cette qualification, faute d’éléments. En juin, une décision de la Cour de cassation avait fait dire, notamment à des parties civiles, que « la voie [était] ouverte pour un procès pour viol », alors que la juridiction suprême venait de casser et d’annuler l’arrêt de la chambre de l’instruction de Grenoble. Cette dernière avait annulé le réquisitoire supplétif du parquet de Grenoble réclamant cette mise en examen pour viol.