Utopia 56, ou la stratégie de « visibilisation » des migrants

  • 2020-12-29 17:11:24
Créée en 2015 par Yann Manzi, régisseur de camping, l’association compte aujourd’hui huit antennes et 18 000 adhérents. Les images de l’évacuation musclée d’un camp de migrants installé en plein cœur de Paris, sur la place de la République, le 23 novembre, ont fait le tour des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu. On y voit des exilés molestés par les forces de l’ordre ; certains sont sortis manu militari de leur abri de fortune. Ce jour-là, vers 19 heures, en quelques minutes à peine, 500 tentes étaient déployées au pied de la statue, principalement par des demandeurs d’asile afghans venus réclamer des places d’hébergement d’urgence. Une semaine plus tôt, après l’évacuation d’un campement où vivotaient près de 3 000 personnes à Saint-Denis, des centaines d’exilés avaient été laissés sur le carreau, condamnés à l’errance, au nord de Paris. Derrière cette opération « coup de poing » organisée place de la République, il y a la patte d’Utopia 56. En septembre, l’association qui vient en aide aux personnes migrantes avait déjà installé un camp similaire sur le parvis de l’Hôtel de ville ; l’alerte concernait cette fois une centaine de familles à la rue. Yann Manzi, à la tête de l’association, justifie la démarche : « On répond à la volonté du gouvernement d’invisibiliser les exilés. Depuis des mois, on les sort de Paris, on les oblige à aller toujours plus loin. L’idée est de revisibiliser la situation, médiatiquement, pour dire : “Vous les avez mis dehors”. » Corinne Torre, de Médecins sans frontières (MSF), avance : « On était présent en soutien pour rendre ces personnes visibles. Je ne me serais jamais imaginé qu’il puisse y avoir une telle violence pour disperser les gens. »

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