« C’est devenu trop banal » : le harcèlement scolaire dans tous les esprits à la marche blanche pour Alisha
2021-03-15 15:07:08
Dans le cortège, à Argenteuil, beaucoup de parents, venus rendre hommage à l’adolescente tuée lundi par deux de ses camarades, s’inquiètent de ce phénomène et de la place des réseaux sociaux.
Le visage d’Alisha Khalid est partout, accompagné d’un slogan : « Stop au harcèlement ». Des milliers de personnes se sont rassemblées à Argenteuil (Val-d’Oise), dimanche 14 mars, pour une marche blanche en hommage à l’adolescente de 14 ans retrouvée morte dans la Seine, lundi 8 mars. Selon les premiers éléments de l’enquête, Alisha aurait été victime d’un guet-apens sur fond de harcèlement sur les réseaux sociaux, organisé par deux de ses camarades de classe. Les deux collégiens de 15 ans, une fille et un garçon, ont été mis en examen pour assassinat et placés en détention provisoire.
Au sein du cortège, beaucoup d’élèves choqués et de parents inquiets discutent pour évacuer. Avec, chacun, sa propre histoire de harcèlement à partager. Joanna, 37 ans, raconte ainsi celle de sa petite fille, qui a subi des critiques sur son physique sur les réseaux sociaux. Elle est en CM2. Joanna s’en est rendu compte en lisant les commentaires sur l’application TikTok. « Dès qu’elle rentre, je vérifie ce qu’il y a sur son téléphone », glisse-t-elle sans cacher son inquiétude pour les années à venir : « Franchement, j’ai vraiment peur du collège. »
A quelques pas, une autre mère n’est pas plus rassurée. Son fils est scolarisé dans le lycée professionnel privé Cognacq-Jay que fréquentaient Alisha et les deux adolescents accusés de l’avoir tuée. Il y a quelques années, il a, lui aussi, été pris pour cible sur les réseaux sociaux par d’autres collégiens. Trois semaines plus tard, il se retrouvait à l’hôpital. « Il a fini par remonter grâce aux psys, mais ça aurait pu mal se finir. »
« On m’a arraché une partie de moi »
« C’est devenu trop banal », soupire Karima, venue avec ses deux filles âgées de 13 et 10 ans, Lina et Hind. Elle a inscrit sur son masque en papier le mot-clé #stopharcèlement et soupire en regardant le monceau de fleurs déposées devant l’entrée du lycée. Pour elle, l’école devrait faire davantage de prévention autour de l’usage du smartphone : « Ça devrait être en formation continue toute l’année. Parce que là, ils n’apprennent que par leurs erreurs, et on voit où ça mène. » La mère se tourne vers sa fille, Lina : « Tu te souviens de cette histoire sur Snapchat ? C’était en quoi, en sixième ? » C’était en CM2. Une de ses camarades s’était faite toute belle pour prendre un selfie dans sa chambre et le publier sur Snapchat. « Elle était toute mignonne », mais elle n’avait pas vérifié l’arrière-plan : une culotte traînant par terre a déchaîné la meute sur Internet. « C’était horrible pour elle, elle n’est plus venue à l’école pendant au moins une semaine. »