Polémique autour du financement public d’une mosquée à Strasbourg
2021-03-24 18:13:42
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, accuse la maire EELV Jeanne Barseghian de contribuer à un projet porté par une « fédération qui défend un islam politique ».
La délibération s’annonçait houleuse à la municipalité de Strasbourg, mais la polémique a dépassé les frontières alsaciennes. Lundi 22 mars, le conseil municipal a voté le principe d’une subvention de 2,5 millions d’euros en faveur de la construction de la mosquée Eyyub Sultan, dans le quartier de la Meinau.
Dans la nuit qui a suivi, Gérald Darmanin a dénoncé cette décision dans un tweet. « La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique », a accusé le ministre de l’intérieur. Et d’ajouter : « Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée », en référence au projet de loi actuellement examiné par le Sénat. Mardi, « devant la gravité des décisions » de la municipalité, le locataire de la place Beauvau a demandé à la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, de déférer la délibération municipale devant le juge administratif. Dans l’entourage du ministre, on dénonce « un lieu de culte communautariste » dirigé par une association « à caractère islamiste, qui ne condamne ni l’islam politique, ni l’homophobie, ni l’apostasie ».
En Alsace-Moselle, contrairement au reste de la France métropolitaine, les cultes peuvent obtenir des subventions publiques, notamment pour la construction d’un édifice religieux. Cela résulte d’une disposition du droit local, issu du régime concordataire de 1802, qui n’a pas été aboli en 1905 sur ces territoires, alors sous occupation allemande, ni après le retour dans le giron français. L’islam n’est pas l’une des quatre religions reconnues par ce droit mais, par souci d’équité, une délibération du conseil municipal strasbourgeois a décidé en 1999 d’adopter la même règle pour tous les cultes. Depuis, 10 % du coût total des chantiers des édifices religieux peut-être assumé par la ville.