Dans l’affaire Moha La Squale, la justice au ralenti
2021-03-28 17:23:56
Près de sept mois après les plaintes pour violences de plusieurs ex-compagnes du rappeur, le mis en cause n’a toujours pas été entendu par la justice.
Jeudi 18 mars, tribunal judiciaire de Paris. Mohamed Bellahmed, alias Moha La Squale, comparaît pour « outrage », « rébellion » et « refus d’obtempérer ». En juin 2020, le rappeur s’était fait interpeller dans les rues de Paris, alors qu’il était visé par un mandat de recherche, après s’être livré à un rodéo urbain un mois plus tôt.
En ce début de printemps, à l’audience correctionnelle, il nie les coups et insultes que les policiers disent avoir reçus, mais se dit « désolé de tout ce qui s’est passé ». La procureure requiert dix mois de prison, estimant « intolérable » que le prévenu « se pose en victime des services de police ». Le jugement a été mis en délibéré au 15 avril, et Mohamed Bellahmed est reparti comme il était arrivé, libre.
Relaté par la presse, l’épisode a ulcéré Me Thibault Stumm. Car voilà bientôt « sept mois » que cet avocat attend que le rappeur, accusé de violences conjugales par plusieurs de ses ex-petites amies et visé par plusieurs plaintes depuis septembre 2020, soit enfin entendu à ce sujet par la justice. Si plusieurs témoins ont été auditionnés en début d’année, ce n’était en revanche toujours pas le cas du principal concerné, selon plusieurs sources proches du dossier.
Contacté, le parquet de Paris n’a pas souhaité répondre sur ce point précis. Sollicitée par Le Monde, Me Elise Arfi, avocate du rappeur, n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet.
Fin janvier, pour faire accélérer ce dossier qui traîne, quatre jeunes femmes, par l’intermédiaire de leur avocat, Me Thibault Stumm, avaient déposé plainte avec constitution de partie civile en vue d’obtenir l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge d’instruction. « On parle d’un sujet, celui des violences conjugales, sur lequel le gouvernement communique chaque semaine depuis des années, et, pourtant, sept mois après les plaintes pour des faits graves, le mis en cause n’a toujours pas été entendu, s’étrangle Me Stumm. C’est trop long, ce n’est pas normal. Mes clientes se font discrètes, attendent, mais elles se sentent abandonnées, et il serait temps que la justice s’intéresse à leurs cas. » Au 26 mars, aucune information judiciaire n’avait encore été ouverte.