Aux origines des « bugs » de l’enseignement à distance, des responsabilités multiples
2021-04-11 12:51:36
Le retour de l’école à la maison a été émaillé de pannes, de colère et d’accusations. Les systèmes ont ployé à la fois face aux connexions simultanées et au manque de coordination.
« Connexions interrompues », « environnements numériques de travail bloqués », « visios inaccessibles » : entre le mardi 6 et le vendredi 9 avril, les réseaux sociaux portent la trace des coups de colère de parents d’élèves mais aussi d’enseignants, exacerbés par un sentiment de « déjà-vu », en cette semaine de retour à la maison.
Comme si les leçons du confinement chaotique de mars à mai 2020 n’avaient pas été tirées, au moment de replonger 12,5 millions d’élèves dans les cours à distance, derrière leurs écrans.
« Il y a urgence à utiliser avec profit les quinze jours de vacances pour reparamétrer, dimensionner correctement et sécuriser complètement ces outils essentiels dans le contexte actuel, écrivent les proviseurs du SNPDEN-UNSA, dans un communiqué diffusé jeudi. Un replay de cette situation le 26 avril ne saurait être envisagé ! » Ces proviseurs parlent de « faillite générale ». Toute la semaine, on aura, en effet, entendu les parties prenantes – ministère de l’éducation, collectivités, prestataires privés – se renvoyer la balle.
Aux premières heures de l’école à la maison, mardi, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a distingué deux types de panne : un réseau saturé rendant inaccessibles les fameux environnements numériques de travail – les « ENT », gérés par les collectivités – ; des cyberattaques visant le portail du Centre national d’enseignement à distance (CNED).
A qui la faute ?
Si les services du CNED semblent bien avoir été touchés, entre mardi et jeudi, par des attaques informatiques de type « déni de service », donnant lieu à l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris, l’ensemble des perturbations des outils d’enseignement à distance ne relève pas de cette seule explication.
ENT et autres outils de classe virtuelle ont ployé, comme il y a un an, sous les millions de connexions simultanées. Cinq régions étaient principalement touchées en début de semaine : l’Ile-de-France, les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et le Grand-Est. « La fluidité du système a été rétablie en milieu de semaine », assure-t-on rue de Grenelle, en reconnaissant que les difficultés ont perduré un peu plus longtemps en Seine-et-Marne et en Nouvelle-Aquitaine. Les enseignants, moins optimistes, faisaient encore état, vendredi, de connexions compliquées..Si l’afflux d’élèves a eu raison du système, à qui la faute ? « En matière informatique, l’éducation nationale est responsable des enjeux de contenus, les enjeux de tuyaux relèvent d’autres compétences », a défendu M. Blanquer au Sénat, le 8 avril. Façon de renvoyer la responsabilité aux régions pour les lycées, et aux départements pour les collèges.