Une étudiante frôle la mort après une soirée d’une association de l’école de commerce ESCP

  • 2021-04-15 13:02:23
La jeune femme, qui a été droguée au GHB, est restée près de douze heures dans le coma. L’école n’est pas parvenue à identifier le coupable. Une chape de plomb s’est abattue sur l’ESCP-Business School, fleuron bicentenaire des écoles de commerce en France, qui accueille plus de 7 000 étudiants sur six campus en Europe. Face à la gravité des faits, la seule parole autorisée est celle de la directrice du programme grande école, Cécile Kharoubi. Les représentants des élèves et la victime n’ont pas répondu aux sollicitations du Monde. Rappel des faits : le 15 janvier au soir, dix étudiants de première et deuxième années se retrouvent dans un appartement parisien pour une « intronisation » organisée par l’association d’œnologie de l’école, Oenocratia. Subitement, l’une des convives se sent très mal, jusqu’à perdre connaissance. Le président de l’association appelle aussitôt les secours. Les pompiers la conduisent à l’hôpital Bichat où un médecin constate une forte alcoolisation. Une recherche de drogue aboutit à la découverte d’une substance pouvant avoir des effets similaires au GHB, cette poudre soluble surnommée « drogue des violeurs ». La jeune femme frôlera la mort et restera inconsciente pendant près de douze heures. Enquête interne Quelques jours plus tard, elle décide de porter plainte au commissariat, accompagnée de la directrice académique, Mme Kharoubi. « Elle a pris une semaine de réflexion avant de prendre sa décision. Une fois qu’on porte plainte, cela prend du temps et c’est compliqué psychologiquement parfois avec des policiers pas toujours formés pour recevoir ce genre de témoignages », souligne celle qui chapeaute également la cellule inclusion et diversité de l’établissement. En parallèle, l’école lance une enquête interne. Au total, une vingtaine d’auditions ont été menées, dont le compte rendu a été transmis aux services de police. « Nous avons recoupé tous les témoignages avec des auditions individuelles mais aussi collectives », détaille Cécile Kharoubi. Néanmoins, l’enquête interne n’a pas permis d’identifier qui, parmi les convives, a ajouté la substance dans le verre. Le 11 février, les neuf étudiants présumés agresseurs (quatre femmes et cinq hommes) sont convoqués pour un conseil de discipline, et se présentent parfois accompagnés de leurs parents. « Certains étaient très choqués, mais étaient-ils de bonne foi ou pas ? Il est difficile de le savoir », tranche la directrice qui dit avoir la certitude « qu’ils ne sont pas neuf à avoir agi ». Dans un mail daté du 26 février à l’ensemble des étudiants, dont Le Monde a pris connaissance, le directeur, Frank Bournois, indique son souhait de « partager des événements importants qui sont venus troubler [la] communauté », évoquant « des faits de bizutage ». Il relate que le conseil de discipline a décidé d’exclure « avec sursis » pendant toute la durée de leur scolarité les étudiants concernés. Ce qui signifie qu’en cas de nouveau trouble – académique ou comportemental – l’exclusion sera définitive. Ceux-ci se voient, par ailleurs, privés de cérémonie de remise des diplômes, sauf s’ils s’acquittent de « 30 heures de travail d’intérêt général ». Enfin, détaille le directeur, le conseil de discipline a décidé d’aménager la scolarité des étudiants incriminés qui « pourront se voir refuser l’accès à certains campus, cours, options, groupes de travail afin de ne pas se retrouver en interaction directe avec la victime ».

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