Dans les tribunaux de commerce, la réalité des rideaux de fer baissés ou des affiches « à céder »

  • 2021-04-20 20:43:26
En 2020, les défaillances d’entreprises ont connu un recul historique grâce aux aides de l’Etat. Dans les tribunaux de commerce, on sait que ce chiffre cache la tempête qui s’annonce. « Ça ne sert à rien de venir, il ne se passe rien ! » Au bout du fil, plusieurs présidents de tribunaux de commerce avaient prévenu, mais ça n’était pas une raison pour renoncer, puisque le « rien » se raconte aussi, surtout quand il est à ce point paradoxal : la crise économique devait remplir leurs juridictions d’entreprises malades aussi mécaniquement que la crise sanitaire dont elle découle a rempli les services de réanimation, mais il s’est produit l’inverse. Les défaillances d’entreprises – sauvegardes, redressements ou liquidations judiciaires, en fonction de la gravité de la maladie – ont connu un recul historique au cours de la pourtant piteuse année 2020 : 28 000 dossiers ouverts contre 44 600 en 2019. « En voyant l’activité de nos tribunaux de commerce, on pourrait croire que notre économie est en parfaite santé, constate, perplexe, Gérard Arnault, président de celui d’Avignon. Son tribunal ouvre 600 dossiers par an en temps normal. En 2020, 380. « Où sont passés les autres ? », s’étonne-t-il. « C’est la traduction du “quoi qu’il en coûte”, explique Pascal Daniel, greffier à Orléans. Tout cela est totalement contre-intuitif, on est en apesanteur. » Prêt garanti par l’Etat (PGE), chômage partiel, fonds de solidarité : la pluie d’argent public débloqué par l’Etat a détraqué le baromètre de la vie économique que sont les 134 tribunaux de commerce du pays, en maintenant artificiellement à flot des entreprises en difficulté.

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