Gérald Darmanin ordonne un audit rapide sur « la situation du pays en matière de faits violents »
2021-06-08 16:03:17
Une lettre adressée le 4 juin aux préfets et aux responsables de la sécurité exige des « solutions de traitement » en matière de délinquance. Remise de la copie le 9 juin.
« Je vous remercie de m’adresser vos contributions dans un format de deux pages minimum ». L’injonction finale d’une missive de deux pages adressée le vendredi 4 juin, veille de week-end, par Gérald Darmanin aux préfets et aux hauts responsables des forces de l’ordre est aussi limpide que les termes mêmes du courrier.
Dans cette lettre, dont Le Monde et Le Figaro ont eu connaissance, le ministre de l’intérieur somme le préfet de police de Paris et sa collègue des Bouches-du-Rhône, les représentants de l’Etat en régions, les directeurs généraux de la police, de la gendarmerie et de la sécurité intérieure de lui « faire parvenir pour le 9 juin [leur] analyse ». Soit cinq jours pour une double tâche qui prendrait des mois en temps normal – c’est-à-dire hors calendrier électoral : dresser un « état des lieux des faits de violence sur les cinq premiers mois de l’année », assortir ce bilan chiffré d’une « appréciation circonstanciée du développement de ces faits » et de propositions de « solutions de traitement (…) dans une perspective résolument interministérielle ».
Un infime délai qui surprend
Si la hiérarchie policière ne communique pas davantage que les responsables de la gendarmerie, le ton du courrier et la somme de travail à accomplir en si peu de temps pour satisfaire les exigences ministérielles ont suscité autant d’incompréhension que d’étonnement dans les rangs préfectoraux. « C’est la première fois de ma carrière que je prends connaissance d’une lettre de ce genre, avec des prescriptions aussi importantes pour un enjeu aussi crucial, à réaliser en aussi peu de temps », se lamentait, lundi, un haut fonctionnaire d’une préfecture de région. « L’idée n’est pas de demander un audit complet mais bien de réfléchir à l’augmentation d’actes de délinquance, tempère l’entourage du ministre. La hausse de certains faits est symptomatique : est-elle dûe à la crise sanitaire, à une sorte de déconfinement des esprits ? Il est important d’en comprendre les raisons profondes, pas seulement d’appréhender les choses sous la seule question de la sécurité publique ».