Le combat judiciaire d’un père pour récupérer ses enfants enlevés par leur mère en Syrie

  • 2021-10-12 09:02:09
Il s’en veut de n’avoir pas décelé ce qui se tramait à son insu mais devant lui. En 2017, la femme de Karim Ismelimed (il a modifié son prénom et son nom), trentenaire bordelais, est partie en Syrie avec deux de leurs trois enfants. « Tout avait été planifié. Elle a fait le même coup que sa sœur partie au Cham [terme traditionnel pour désigner la « Grande Syrie] », ne décolère pas ce père combatif. Fin août 2021, il a décidé de déposer plainte avec constitution de partie civile pour « non-représentation d’enfant, soustraction de mineur, abandon de mineur, le tout en relation avec une entreprise terroriste » auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris. Son combat commence à l’été 2017. La famille est en vacances au Maroc. Fin août, alors que sa compagne est censée être avec ses parents, Karim se rend compte qu’elle a quitté le pays avec sa fille et ses deux fils en direction de la Syrie avec l’intention de faire le djihad. Karim Ismelimed frappe alors à toutes les portes administratives, policières, politiques, diplomatiques. Grâce à son intervention, les enfants et leur mère sont interpellés à la frontière turco-syrienne. Le 3 octobre, une décision d’expulsion est prise par l’Etat turc, permettant d’organiser le retour de la famille sur le territoire français. Mais le jour J, sa femme parvient à se soustraire aux autorités au moment du transfert. « Evadée, évanouie dans la nature », résume-t-il, encore incrédule. Seul le cadet est resté, abandonné à l’aéroport, alors qu’il avait demandé à aller aux toilettes. Les enfants localisés à la frontière turque Depuis, plus rien. Ou presque. Des SMS et des appels vidéo comme ligne de vie. « Pourtant dans l’islam, c’est interdit de couper les liens du sang », gronde-t-il. Dès lors, Karim n’a de cesse de se battre pour le retour de ses deux autres enfants. « Ce n’est pas une démarche contre la mère, mais pour les enfants, insiste Me Julien Plouton, son avocat bordelais. C’est au-delà de la classique bataille d’un père pour avoir la garde de ses enfants. Cela pose la question des très jeunes emmenés en zone de guerre. » Et sur ce sujet, Karim sait que l’opinion publique n’est pas favorable au retour de ces enfants. Entendu par les policiers, soupçonné, il se sent lâché de toutes parts. Estimé comme ayant pu « garantir pour son enfant une prise en charge la plus protectrice qui soit », il a pour lui plusieurs décisions de justice. Le 26 mars 2018, un juge aux affaires familiales girondin lui attribue, au vu de la situation particulière, l’exercice exclusif de l’autorité parentale sur les trois enfants et fixe leur résidence à son domicile, suspendant tout droit de visite et d’hébergement pour la mère.

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