Justice : le parquet requiert deux ans de prison contre le hackeur franco-israélien « Ulcan »
2021-12-04 12:42:10
Réputé pour ses canulars téléphoniques malveillants, Gregory Chelli, dit « Ulcan », était jugé en son absence, jeudi 2 et vendredi 3 décembre, pour « dénonciations mensongères » par le tribunal correctionnel de Paris.
Qui est réellement Gregory Chelli, dit « Ulcan » ? L’audience qui s’est tenue jeudi 2 et vendredi 3 décembre, devant la 14e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, aura donné peu de clés de compréhension quant au parcours et aux motivations du hackeur franco-israélien et « militant sioniste », selon sa formule, réputé pour ses canulars téléphoniques extrêmes, dont il faisait la publicité sur son site Violvocal.
Agé de 39 ans, exilé à Ashdod, près de Tel-Aviv, depuis 2013, et visé par une autre enquête judiciaire pour avoir piraté plusieurs sites d’information français, dont ceux de Libération et de Radio France, M. Chelli ne s’est pas rendu à son procès : son avocate Cécilia Mouchoux a elle-même rapidement quitté la salle, estimant que la « citation par le parquet » de son client était « nulle sur la forme et le fond ». Le ministère public a requis une peine de deux ans de prison contre « Ulcan », jugé pour « des appels malveillants, des menaces de mort et des dénonciations mensongères de faits constitutifs de crimes ou de délits ».
« Un hackeur violent »
« M. Chelli est loin d’être un idéologue ou un militant politique, c’est un hackeur violent qui tape où bon lui semble sans aucune logique et par pure haine de l’autre », a estimé la représentante du parquet. Tout en rappelant qu’il était « protégé » par Israël, où « il a trouvé refuge », elle a demandé la « diffusion internationale d’un mandat d’arrêt » contre M. Chelli.
Les victimes présumées des infractions, supposément commises entre 2014 et 2016, ont défilé à la barre, hagardes et encore choquées par les conséquences des piratages et autres coups de fil de l’autoproclamé « justicier » ou « chasseur de nazis ».
L’Alsacien Marc Z. a raconté, des trémolos dans la voix, ce jour de novembre 2014 où il a dû se déshabiller, des armes braquées sur lui, sur le perron de sa maison, à la demande des forces de l’ordre. Le hackeur avait contacté la police, affirmant que son cousin, « un skinhead tatoué », venait d’assassiner sa femme après que cette dernière a tué son bébé à coups de couteau. « Ulcan » s’était alors trompé de cible, et un homonyme avait payé au prix fort ce canular malveillant.
Présidente de l’association Europalestine, la militante Olivia Zemor figure également parmi les victimes du hackeur : il a appelé la police pour accuser son mari de l’avoir tuée. Ancien membre de la Ligue de défense juive, un groupuscule de jeunes radicaux, « Ulcan » avait par ailleurs mis à sac la librairie propalestinienne de Mme Zemor avant d’être condamné, en 2009, à quatre mois avec sursis pour ce saccage.