Etats généraux de la justice : les attentes des justiciables longtemps ignorées par le ministère

  • 2022-01-17 03:16:03
Un rapport de l’inspection générale de la justice, auquel « Le Monde » a eu accès, déplore les carences en matière d’études sérieuses sur ce que les Français attendent de la justice. Au moment où les états généraux de la justice se déroulent avec pour objectif, notamment, de « renouer le lien entre la justice et ceux au nom de qui elle est rendue », selon le président de la République qui les a lancés, les attentes des justiciables reviennent au centre des interrogations. Or, force est de constater que le ministère de la justice ne s’est pas souvent préoccupé de chercher à les identifier. Certes, l’inspection générale de la justice a bien remis au garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, en août 2020, un rapport précisément sur « les attentes des justiciables ». Commandée par la précédente locataire de la place Vendôme, Nicole Belloubet, cette étude, qui avait pour ambition d’explorer le sujet au-delà des simples questions sur la lenteur et sur le coût de la justice, n’a pas été rendue publique. Le constat fait par l’inspection est cruel. En dehors de quelques sondages sur la confiance des Français dans la justice, qui portent davantage sur l’image de l’institution, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. « On ne connaît pas véritablement les attentes des justiciables. D’abord parce que la recherche récente ne s’y est intéressée que marginalement, se concentrant plutôt sur les professionnels et les organisations », écrivent les membres de cette mission emmenée par Antoine Garapon, ancien responsable de l’Institut des hautes études sur la justice. Un rôle central dans les équilibres sociaux Au sein des directions du ministère, les rares critères à avoir retenu l’attention portent sur l’accueil du justiciable. Un élément important, certes, mais très insuffisant. « Aucun travail commun aux directions n’était mené au sein du ministère sur la question des attentes des justiciables. Pourtant, chacune de ces directions a une expérience différente et trouverait chez les autres matières à réflexion », relèvent les inspecteurs, qui ont ausculté ce que faisaient la direction des services judiciaires (celle qui s’occupe du fonctionnement des juridictions), la direction de l’administration pénitentiaire et la direction de la protection judiciaire de la jeunesse.  

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