Baccalauréat 2022 : le report des épreuves de spécialité acté
2022-01-31 04:55:57
Deux semaines après une mobilisation sans précédent mêlant enseignants et parents d’élèves et à moins de cent jours de l’élection présidentielle, Jean-Michel Blanquer joue la carte de l’apaisement.
C’est la voie de la prudence qui l’aura emporté. Quinze jours après une mobilisation inédite mêlant enseignants et parents d’élèves dans une même dénonciation de la gestion de la crise sanitaire à l’école, le ministre de l’éducation a annoncé, vendredi 28 janvier, un report des épreuves dites « de spécialité » du baccalauréat.
Initialement programmés du 14 au 16 mars, ces écrits, qui valent pour un tiers de la note finale de l’examen réformé, auront lieu du 11 au 13 mai. Deux mois de gagnés pour s’y « préparer sereinement » et « préserver l’égalité de traitement » entre les candidats, après une nouvelle année en dents de scie du fait du Covid-19, défend-on Rue de Grenelle, où l’on faisait état, ce même vendredi, de plus de 500 000 élèves déclarés positifs au coronavirus sur les sept derniers jours et de 21 000 classes fermées.Au sortir d’une rencontre avec les différentes parties prenantes, le ministre de l’éducation, étrillé ces dernières semaines pour ses erreurs de communication répétées, a joué la carte de l’apaisement : « On a beaucoup réfléchi, on a beaucoup écouté, a-t-il mis en avant, avec pour boussole l’intérêt des élèves. »
« C’est la moins mauvaise des solutions »
Il n’y a pas que le calendrier qui est assoupli ; la préparation des épreuves l’est aussi. Le « jour J », les candidats au baccalauréat se verront proposer un choix élargi de questions ou d’exercices. Ils composeront sur les programmes initiaux – autrement dit, ceux censés être bouclés en mars –, et pourront se consacrer aux révisions les deux jours précédant leur convocation.
Pour les lycéens de la voie professionnelle, le changement est moindre : si les périodes de stages à venir sont réduites de deux semaines, leurs épreuves conservent le même format et le même programme. Les élèves de 1re, eux, voient le nombre de textes à présenter à l’oral réduit à 16 dans la voie générale, contre 20 jusqu’à présent, et à 9 dans la voie technologique, au lieu de 12.
Des évolutions à porter au crédit du mouvement enseignant ? Dans les cercles de professeurs, où l’on avait fait du « report » des épreuves l’un des mots d’ordre des trois journées de mobilisation des 13, 20 et 27 janvier, le soulagement était de mise, vendredi. « On a enfin réussi à gagner du temps pour nos élèves », se réjouit Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le secondaire. « C’est la moins mauvaise des solutions », réagit dans la même veine Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT. « Nous sommes satisfaits d’annonces qui font baisser la pression sur les élèves et sur les collègues », explique Sébastien Vieille, du Snalc. Un état d’esprit partagé par les parents de la FCPE, qui s’accommode d’une « égalité de préparation indispensable pour des élèves, qui ont passé encore une fois une année difficile avec une discontinuité pédagogique ». Tous saluent par ailleurs des annonces faites « aux professionnels de l’éducation en premier » – et pas par voie de presse, comme ce fut le cas pour le « protocole Ibiza », à la veille de la rentrée de janvier.