A Paris, la mécanique du logement social se dégrippe après une année noire
2022-02-20 14:17:02
Après s’être effondré en 2020, le nombre de nouveaux logements sociaux a rebondi de 47 % en 2021.
Mais le parc ne se développe plus aussi vite que lors du second mandat de Bertrand Delanoë ou du premier d’Anne Hidalgo.
Des années de polémiques. Des riverains en colère. Une alliance inattendue entre la droite et les écologistes pour contrer le projet. Le tribunal qui annule le permis et oblige à tout remettre à plat. Et, au bout du compte, un vote unanime des élus parisiens, le 8 février : le HLM prévu rue Erlanger, dans le quartier très bourgeois d’Auteuil, verra bien le jour. Les plans, sensiblement corrigés, prévoient désormais davantage d’espaces verts, moins de logements sociaux, une résidence pour femmes battues, ainsi qu’une école et une crèche, pour un coût total de 34 millions d’euros. « Une solution acceptable par tous », s’est réjoui le maire chiraquien du 16e arrondissement, Francis Szpiner. « J’ai hâte que nous soyons en 2025 pour inaugurer ensemble cette opération », lui a répondu Ian Brossat, l’adjoint communiste chargé du logement.
Le projet immobilier enfin lancé rue Erlanger est à l’image de la mécanique du logement social à Paris dans son ensemble. Tout se dégrippe. Après un énorme coup de frein en 2020, tout repart dans ce domaine-clé de la politique parisienne, premier budget d’investissement municipal. Mais sur des bases nouvelles. Faute d’espaces disponibles, de moyens et de consensus politique, il n’est plus question pour la capitale de développer le parc social aussi vite que lors du second mandat de Bertrand Delanoë ou du premier d’Anne Hidalgo.
Un indicateur résume cette nouvelle donne : le nombre de logements sociaux construits ou acquis par la Ville de Paris. Pendant douze ans, de 2007 à 2018, la machine a tourné à plein. Chaque année, la Mairie a alors financé plus de 6 000 nouveaux logements sociaux, avec la volonté de maintenir une certaine mixité, malgré la flambée des prix de l’immobilier.
Après un pic à 7 500 en 2016, le volume des nouveaux logements a commencé à décliner. En 2020, il s’est effondré de moitié, pour se limiter à 2 908 nouveaux appartements. « En 2020, tout s’est conjugué », explique Ian Brossat. A la baisse cyclique liée à l’élection municipale, un rendez-vous qui retarde certains investissements, se sont ajoutés les effets de la crise sanitaire. Le marché immobilier a subi un grand coup de froid. Des projets ont été gelés.