Tentative de féminicide : à Nice, une mère de famille attaquée au couteau par son ex-compagnon

  • 2022-02-27 14:47:57
Johanna a été laissée pour morte par son ex-compagnon, lundi 21 février. Saïd B. sortait tout juste de garde à vue pour tentative de viol sur la jeune femme. Il était 6 h 45, lundi 21 février, lorsque le petit Rayan, 5 ans, a appelé les secours. Sa mère, Johanna, 32 ans, vient d’être attaquée au couteau par son père. Elle a la mâchoire fracturée et deux entailles, profondes et parallèles, de sa nuque à sa joue, lui lacèrent le visage. Il lui manque des dents. Saïd B., son ancien conjoint de 40 ans, aurait tenté de l’étrangler avant de l’attaquer au couteau alors qu’elle dormait, selon les premières informations du parquet. Puis, il a pris la fuite en emportant avec lui son fils aîné, laissant Johanna pour morte. Il sortait à peine de garde à vue. Depuis, sur la porte de l’appartement rue Cavendish, un scellé bleu affiche « tentative d’homicide » et « soustraction d’enfant ». Saïd B. a été mis en examen et écroué mercredi 23 février. Les voisins, eux, sont sonnés. Les cris, pourtant, ils connaissaient. Ils étaient habitués. Les mines renfrognées des trois petits, le lendemain des disputes, aussi. L’aîné de 7 ans avait pris l’habitude, quand son père rentrait en sentant l’alcool, de cacher les couteaux derrière la poubelle. « Pas d’éléments probants pour poursuivre » Le couple était en instance de divorce et séparés depuis le mois de novembre 2021. Saïd B. avait déménagé à Nancy, et Johanna avait accepté qu’il vienne voir ses enfants pendant leur semaine de vacances. « Elle voulait qu’ils puissent voir leur père, malgré tout, explique Hager Sehili, une amie. Mais elle lui avait bien dit : “Lundi, tu repars.” » Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 février, Saïd B. aurait tenté de violer son ex-compagne. Celle-ci prévient la police qui le place en garde à vue pendant qu’elle confie sa culotte déchirée aux enquêteurs. L’homme de 40 ans « nie les faits », selon le parquet, « et les enfants [de 5, 6 et 7 ans], aussi entendus, ne peuvent pas confirmer les dires de la mère ». Pour les magistrats, il n’y avait « pas d’éléments probants pour poursuivre la personne ». Saïd B. est relâché en fin de journée, sans qu’aucune mesure de protection aie été accordée et revient, une fois de plus, en bas de chez Johanna et la supplie de le laisser monter. En huit ans de vie commune rue Cavendish, il y a eu les plaintes déposées puis retirées par peur ou contrainte, les violences et la pression, les deux stages de responsabilisation des auteurs de violences conjugales, la demande d’aide juridictionnelle. Cet été, en Italie, Saïd B. a failli tuer Johanna, selon plusieurs de ses proches. Face aux policiers italiens, l’homme aurait prétexté que sa compagne était « folle » et « prenait des médicaments » et qu’elle s’était blessée toute seule. La famille a été reconduite à la frontière. Mais jamais la distance entre les conjoints n’a été imposée. La dernière procédure en date visant le quarantenaire pour des faits de violences conjugales a été classée en 2021. « Peut-être un peu vite », estime aujourd’hui une source au parquet.

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