Baisse de la menace d’attentats djihadistes, moyens renforcés, percée de l’ultradroite… Bilan de la lutte antiterroriste du quinquennat d’Emmanuel Macron
2022-03-22 02:53:27
Le mandat a notamment été marqué par la création du Parquet national antiterroriste. Le refus du rapatriement systématique des enfants toujours détenus en Syrie reste une ombre au tableau.
Emmanuel Macron, lorsqu’il énumère les crises qu’il a traversées durant son quinquennat, ne manque jamais de commencer par le terrorisme, « ce défi de nos générations », selon la formule qu’il a utilisée, dimanche 20 mars à Toulouse, lors de l’hommage qu’il a rendu aux victimes de Mohammed Merah. La série d’attentats du terroriste toulousain, en mars 2012, a marqué le début d’une décennie sanglante en France.
Une menace djihadiste en diminution et en mutation
Au moment où Emmanuel Macron arrive au pouvoir, la menace djihadiste reste très élevée. Deux jours avant le premier tour de la présidentielle, en avril 2017, le policier Xavier Jugelé est abattu sur les Champs-Elysées. Depuis, la menace n’a fait que décroître pour tomber, début 2022, à un niveau résiduel. Cette diminution est l’effet, avant tout, de la défaite et de la disparition du califat de l’organisation Etat islamique (EI) avec la perte de Mossoul puis de Rakka, en 2017. Et enfin de la chute de son tout dernier bastion, en mars 2019 à Baghouz, dans le nord-est de la Syrie. Mais elle résulte aussi de la meilleure coordination entre les différents services chargés de la lutte antiterroriste, dont la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été désignée cheffe de file par M. Macron. La lutte antiterroriste, auxquels 1 000 nouveaux postes ont été affectés, est aujourd’hui pilotée par un duo formé de Nicolas Lerner, à la tête de la DGSI, et de Laurent Nuñez, coordonnateur national du renseignement à l’Elysée.
Le 6 décembre 2021, lors d’un colloque organisé à Paris par l’Institut Montaigne, l’European Leadership Network et la Fondapol, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, chiffrait à 36 le nombre d’attentats djihadistes déjoués en France depuis 2017 (20 en 2017, 7 en 2018, 4 en 2019, 2 en 2020 et 3 en 2021), contre 14 attentats commis (3 en 2017, 3 en 2018, 1 en 2019, 6 en 2020 et 1 en 2021) ayant causé un total de 25 morts et 83 blessés. Pendant cette période, le nombre de fiches S (pour « sûreté de l’Etat ») actives en matière de terrorisme djihadiste est passé de plus de 8 000 à 5 500.
Dans ce bilan plutôt positif, l’automne 2020 est une sérieuse ombre au tableau : trois attentats s’enchaînent alors coup sur coup, à Paris, Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) puis Nice, en plein procès des attentats de Charlie Hebdo. Ils semblent tous avoir été motivés par la republication des caricatures de Mahomet par l’hebdomadaire satirique et la violente campagne lancée contre la France par des acteurs aussi divers qu’Al-Qaida, le président turc Recep Tayyip Erdogan ou des partis islamistes pakistanais.