En Inde, la justice autorise la construction d’un temple hindou sur un site disputé avec les musulmans
2019-11-09 16:39:40
L’édification du temple Ram, à Ayodhya, en lieu et place d’une mosquée, divise les deux communautés depuis des décennies et a généré des émeutes sanglantes.
C’est sans doute l’une des décisions les plus importantes de son histoire. La Cour suprême indienne a tranché, samedi 9 novembre, un dossier explosif qui oppose hindous et musulmans depuis des décennies et qui a donné lieu à des affrontements intercommunautaires sanglants, plus de 3 000 morts. Sa décision constitue une immense victoire pour le gouvernement nationaliste de Narendra Modi et pour les hindous.
A l’unanimité, les cinq juges ont autorisé la construction d’un temple hindou à Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh, en lieu et place de la mosquée Babri érigée au XVIe siècle par l’empereur Babur, premier dirigeant et fondateur de l’empire Moghol en Inde, qu’une horde d’hindous en furie avaient détruite en 1992. En forme de compensation, les juges ont demandé au gouvernement d’allouer aux musulmans un autre terrain « bien en vue » à Ayodhya pour construire une mosquée.
Les hindous considèrent le site d’Ayodhya comme le lieu de naissance du dieu Ram, un des sept avatars de Vishnou. Ils affirment que la mosquée Babri a été fondée sur les ruines du temple de Ram. Une légende pour les historiens.
Arme électorale
Comme souvent en Inde, cette affaire mêle religion et politique. Dès le milieu des années 1980, le Bharatiya Janata Party (BJP), le mouvement de Narendra Modi, s’en est emparé pour en faire un symbole de l’identité indienne et une arme électorale idéale pour galvaniser les hindous. La reconstruction du temple de Ram fait partie des promesses du BJP, qui souhaite effacer les traces des Moghols de l’histoire de l’Inde, imposer la suprématie des hindous et marginaliser les musulmans.