Deux « gilets jaunes » belges placés en centre de rétention administrative malgré leur relaxe
2019-11-22 09:25:38
Arrêtés le 16 novembre, il font l’objet de poursuites décidées par le préfet de police de Paris. Leurs avocats estiment que leur placement est « disproportionné ».
Deux ressortissants belges ont été arrêtés samedi 16 novembre, en marge de la mobilisation parisienne pour le premier anniversaire de la mobilisation des « gilets jaunes », alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer en Belgique. Placés en garde à vue, Michel (le prénom a été modifié) et Jessica, qui ne se connaissaient pas avant le rassemblement, ont été relaxés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.
Si l’affaire judiciaire est close, le dossier administratif, lui, est toujours en cours. La Préfecture de police de Paris a en effet réclamé, et obtenu, le placement en centre de rétention administrative (CRA) des deux ressortissants belges. Une mesure assortie d’une obligation de quitter le territoire français au motif que les deux prévenus représenteraient une « menace à l’ordre public », l’un des motifs invocables en cas de demande de quitter le territoire, selon le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Leurs avocats, Raphaël Kempf et Adrien Mamère, estiment que ce motif est « disproportionné », et rappellent que leurs clients, jugés en comparution immédiate, n’ont fait l’objet d’aucune poursuite.
« Un détournement du droit »A peine sortis de leur comparution immédiate devant le tribunal de grande instance de Paris, lundi les deux manifestants ont donc été incarcérés dans deux centres de rétention administrative différents, situés en Ile-de-France. Le préfet de Paris, Didier Lallement, a réclamé que leur détention puisse s’étendre jusqu’à vingt-huit jours, arguant qu’il s’agissait du temps nécessaire pour permettre une reconduction à la frontière par avion.
Michel, incarcéré au centre de rétention administrative de Vincennes a pu être libéré mercredi sur décision du juge des libertés et de la détention (JLD), qui a estimé que sa garde à vue n’était pas justifiée.
Jessica, elle, est toujours privée de liberté, détenue au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le plus important de France, en bordure de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Malgré les arguments avancés par la défense, soulignant notamment qu’elle avait acheté un billet de bus lui permettant de rentrer près de Namur, en Belgique, où elle vit avec ses deux enfants de 4 et 11 ans, le JLD a estimé que l’absence de garant en France laissait craindre qu’elle veuille s’installer dans le pays.
Ses avocats ont fait appel de cette décision qui sera examinée vendredi matin. Dans le même temps, le préfet de Paris a, lui, fait appel de la décision de libérer Michel, technicien proche de la Confédération générale du travail (CGT), originaire de Bruxelles. La décision est attendue le même jour.