En Hongrie, Viktor Orban s’attaque aux théâtres, dernier épisode de son « Kulturkampf »
2019-12-10 12:34:37
Des milliers d’artistes et d’anonymes ont protesté contre un projet de loi du premier ministre ultraconservateur, qui continue de promouvoir une culture défendant l’identité nationale.
Après les médias, la justice ou le monde universitaire, Viktor Orban a décidé de s’attaquer à l’indépendance d’une nouvelle institution hongroise : le théâtre. Lundi 9 décembre, plusieurs milliers d’artistes et de citoyens anonymes se sont rassemblés dans le centre de Budapest pour protester contre un projet de loi du gouvernement du leader nationaliste magyar, destiné à renforcer la tutelle du pouvoir sur la direction des théâtres.
Selon une méthode bien rodée, le texte a été présenté le matin même au Parlement, sans aucune consultation préalable, et pourrait être adopté dans le cadre d’une procédure d’urgence, dès le mercredi 11 décembre.
La mesure la plus contestée concerne la nouvelle procédure de nomination des directeurs de théâtres municipaux qui bénéficient de subventions de l’Etat, soit la quasi-totalité d’entre eux. Dans un paysage culturel sous pression, ces institutions sont parmi les dernières à pouvoir créer librement sans influence du Fidesz, le parti de Viktor Orban.
Le projet de loi prévoit que, pour continuer de recevoir des subventions publiques, chaque mairie doit désormais conclure un accord avec le gouvernement incluant « la façon dont la direction [des théâtres municipaux] est nommée ». Les municipalités qui refuseraient de se soumettre à cette nouvelle procédure devront se priver de subventions nationales, une manne pourtant essentielle pour la plupart de ces scènes.
Cette disposition inquiète d’autant plus qu’une version initiale du texte prévoyait que le « ministre des ressources humaines » – chargé de la culture dans un pays où ce portefeuille a été supprimé – puisse nommer ou révoquer directement les directeurs de ces théâtres. « L’Etat ne peut pas apporter son soutien à une institution culturelle sans avoir son mot à dire sur son fonctionnement », a justifié Istvan Hollik, porte-parole du gouvernement.