Fins de mois : « On rogne sur tout, mais on mange bio »

  • 2020-01-02 18:52:11
Si l’argent ne fait pas le bonheur, en manquer est souvent mal vécu. Guillemette Faure ausculte la manière dont les Français gèrent leur budget, entre craquages et contraintes. Cette semaine, David, marié, deux enfants, en pleine décroissance.   Qu’est-ce qui fait qu’on décide un jour de consommer autrement ? De dépenser moins, plus en accord avec ses valeurs ? Pour David, 36 ans, le point de bascule fut l’achat d’un téléphone en trop – on y reviendra. C’est ce qui l’a conduit à reconsidérer sa façon de vivre, à entreprendre un virage minimaliste et écologique avec sa femme et ses deux enfants dans leur pavillon du Val-d’Oise. Fils d’un artisan et d’une mère au foyer, David a connu, enfant, des périodes à faire les courses avec la calculatrice à la main, mais aussi des vacances au ski. Ses parents lui ont appris à « faire attention », l’ont encouragé à gagner sa vie très jeune aussi, chaque été saisonnier chez des maraîchers de Normandie. « Si tu veux les chaussures à 200 francs, tu travailles pour te payer la différence avec celles à 30 francs qu’on t’aurait achetées », lui disaient-ils. Après le bac, il a travaillé en usine, puis il a trouvé un emploi de bureau. Il a repris ses études à 24 ans. Quand il est arrivé à la Défense, embauché dans le domaine des assurances, il a découvert des salaires plus élevés qu’il ne pouvait l’imaginer. Il y a aussi rencontré sa femme, avec qui il a emménagé dans une ville de banlieue à une heure de Paris. Une ville dans laquelle elle était déjà installée, où l’on peut, explique-t-il, vivre dans l’opulence ou avec peu. Ils sont passés de l’un à l’autre. Il y a un an, ils ont commencé par réduire leurs courses d’alimentation. Puis ils sont passés au bio, sans gonfler leur budget alimentation pour autant. Ils discutent de l’utilité de leurs achats (généralement d’occasion), fréquentent la médiathèque plutôt que d’acheter des livres ou des DVD. Et, bien sûr, ils utilisent de moins en moins leur voiture, font l’essentiel de leurs déplacements à vélo, leur fils de 3 ans sur le siège arrière, leur fille de 8 ans sur sa propre bicyclette. La femme de David a quitté son emploi pour travailler en autoentrepreneuse dans le domaine de l’écologie. Leur nouvelle façon de vivre lui a permis de réfléchir à une vie professionnelle qui ait plus de sens. David, lui aussi, a commencé à s’interroger sur son travail à la Défense, au temps qu’il passait dans les transports, à ses enfants qu’il voyait peu… Il s’est dit que leur vie frugale lui donnait la liberté de démissionner, de prendre le temps de réfléchir à ce qu’il a envie de faire de sa vie. « Je me le permets parce qu’on n’a pas une énorme pression financière. »

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