Les médecins de ville veulent mieux accompagner les fins de vie à domicile
2020-01-10 17:06:40
La ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé, jeudi 9 janvier, souhaiter que « des travaux soient menés de façon urgente pour encadrer, sécuriser, garantir l’accès des patients en ambulatoire » à des produits utilisés dans la sédation profonde et continue.
Les médecins généralistes ont-ils les moyens de permettre aux patients en fin de vie qui le souhaitent de mourir à leur domicile sans souffrir ? S’émouvant des poursuites judiciaires engagées fin novembre contre un médecin normand accusé d’avoir administré à plusieurs de ses patients en fin de vie du midazolam (un puissant sédatif exclusivement délivré par les pharmacies hospitalières) obtenu de façon irrégulière, près de mille praticiens ont signé en quelques jours une pétition de soutien lancée par la Fédération des médecins de France.
Dans ce texte, ils reconnaissent avoir eux-mêmes « au cours de leur vie professionnelle, accompagné des patients en fin de vie pour les aider à partir dignement sans souffrance, parfois au prix d’entorses aux règlements en cours » et demandent à « avoir les mêmes moyens de prescriptions que leurs collègues hospitaliers, dans le cadre de la loi Leonetti, sans risquer de se faire interdire d’exercice ».
Une demande à laquelle la ministre de la santé Agnès Buzyn a apporté un début de réponse, jeudi 9 janvier, à l’Assemblée nationale. « Je souhaite que des travaux soient menés de façon urgente pour encadrer, sécuriser, garantir l’accès des patients en ambulatoire, aux spécialités prescrites hors AMM [autorisation de mise sur le marché] utilisées dans la sédation profonde et continue », a-t-elle annoncé, précisant que ces travaux seraient « articulés avec la finalisation de la recommandation de bonne pratique de la Haute Autorité de santé sur la prise en charge médicamenteuse en situation palliative ».
Au cœur du débat, l’accès au midazolam (distribué sous forme de générique de l’Hypnovel), jugé trop restreint, car principalement accessible aux médecins hospitaliers. Cette « molécule de référence » permet « d’apaiser les plus grandes détresses en quelques minutes, qu’elles soient physiques (étouffement, hémorragie…) ou psychiques (angoisse massive, attaque de panique) », explique la docteure Claire Fourcade, la vice-présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs.
Utilisé à petite dose, le midazolam peut servir à réaliser des sédations légères, réversibles. C’est ce qu’assure avoir fait Jean Méheut-Ferron, le médecin normand mis en examen et interdit d’exercice. A plus forte dose, c’est le produit préconisé par la Haute Autorité de santé (HAS) pour mettre en place les sédations profondes et continues jusqu’au décès définies par la loi Claeys-Leonetti et dont la mise en œuvre requiert une procédure collégiale.