« Dans la guerre froide qui fracture le Moyen-Orient, les Etats-Unis ne se retirent pas, ils ont choisi un camp »
2019-01-31 21:41:38
Les Etats-Unis allaient quitter la Syrie pour de bon, maintenant, tout de suite. En un tweet décidé, catégorique, Donald Trump annonçait en décembre 2018 le retrait des 2 000 soldats des forces spéciales américaines qui cantonnent aux côtés des Kurdes dans le nord-est de ce pays. C’était un départ sans condition et, dans les propos du président, certains ont vu la confirmation d’un mouvement plus profond : petit à petit, l’Amérique quitterait le Moyen-Orient – elle se « désinvestirait ». Rien n’est moins sûr.
Il y a d’abord ce qu’on peut dorénavant appeler une « trumperie ». Comme souvent avec le 45e président américain, ce qui est assuré un jour est oublié le lendemain. Trump trompète et passe à autre chose.
Donc, on reste ?En l’espèce, le républicain voulait être fidèle à ses promesses de campagne : il allait désengager l’Amérique de ces guerres lointaines, ingagnables et sans fin où elle s’est perdue depuis vingt ans. Mais ses plus proches collaborateurs n’étaient pas d’accord – à commencer par son secrétaire à la défense, James Mattis, qui démissionna sur le champ.
Le chef du Conseil national de sécurité à la Maison Blanche, John Bolton, et le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, n’étaient pas d’accord non plus. On ne pouvait pas laisser tomber les Forces démocratiques syriennes – kurdes mais aussi arabes – qui, au sol, et au prix de centaines de morts, ont chassé les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) de leur capitale syrienne, Rakka.
Sans une présence militaire américaine, les Etats-Unis n’auraient plus leur mot à dire sur l’avenir de la Syrie. On laisserait un boulevard à la Russie et à l’Iran, les deux piliers du régime de Bachar Al-Assad. On laisserait les alliés kurdes syriens à la merci d’Ankara – qui les accuse de soutenir le combat des Kurdes de Turquie, eux-mêmes en guerre contre le pouvoir central.
AFP.