Mort du chef de l’organisation Etat islamique : une opération étudiée « de longue date » par les Etats-Unis contre un leader resté discret

  • 2022-02-04 06:04:51
Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi se serait donné la mort pour éviter d’être capturé par des forces spéciales américaines, héliportées dans le nord-ouest de la Syrie. Son nom était inconnu du grand public. Il aura certainement un successeur, mais sa disparition constitue néanmoins un succès pour la Maison Blanche. Le chef de file de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), de son nom de guerre Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, a trouvé la mort dans une opération militaire américaine, menée jeudi 3 février, au sol, dans le nord-ouest de la Syrie. Le successeur d’Abou Bakr Al-Baghdadi, tué dans une attaque similaire en octobre 2019, se serait fait sauter à l’aide d’une charge explosive, pour éviter d’être capturé. Il résidait depuis des mois dans une maison de plusieurs étages, avec sa famille, à Atmé, dans la province d’Idlib, une zone contrôlée par Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida. « Cette opération témoigne du rayon d’action et des capacités de l’Amérique à éliminer les menaces terroristes, quel que soit l’endroit dans le monde où elles tentent de se dissimuler », a déclaré le président américain Joe Biden, au cours d’une allocution prononcée dans la matinée à la Maison Blanche. En avril 2021, le directeur de l’Agence centrale de renseignement (CIA) américaine, William Burns, s’était inquiété du risque que le retrait militaire à venir d’Afghanistan ne conduise à une baisse dans la collecte de renseignements sur Al-Qaida et l’EI. L’opération d’Atmé sert aussi à confirmer l’engagement continu des Etats-Unis dans la lutte antiterroriste au Moyen-Orient.Depuis qu’il avait pris la tête de l’EI, Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi était resté discret. Le groupe djihadiste n’a jamais diffusé ni photo officielle, ni vidéo ou discours de lui. Une prime de 10 millions de dollars (8,7 millions d’euros) avait été offerte par les Etats-Unis. De son vrai nom Amir Mohammed Saïd Abdel Rahman Al-Mawla, l’Irakien de 45 ans était l’un des lieutenants d’Abou Bakr Al-Baghdadi. Né en 1976 à Mahlabiya, une ville à majorité turkmène à l’ouest de Mossoul, dans le nord de l’Irak, il était diplômé en sciences islamiques et avait effectué son service militaire au sein de l’armée de Saddam Hussein. Al-Mawla avait rejoint le groupe Etat islamique en Irak – alors une branche d’Al-Qaida – après l’invasion américaine de 2003, et a gravi les échelons de l’organisation, davantage versé dans l’orientation religieuse et la jurisprudence islamique que dans la sécurité et la doctrine militaire. En 2008, les forces américaines l’ont capturé à Mossoul et l’ont emprisonné au camp Bucca, un centre pénitentiaire où étaient détenus les membres d’Al-Qaida et de l’EI en Irak.

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