Egypte: le photojournaliste Mahmoud Abu Zeid, alias «Shawkan», est libre
2019-03-04 23:10:29
Un photojournaliste égyptien connu son le nom de « Shawkan », détenu depuis 2013 en raison de sa couverture de la répression d'une manifestation d'islamistes au Caire, a été remis en liberté ce lundi 4 mars 2019, a annoncé son avocat.
Mahmoud Abu Zeid, dit « Shawkan », est « actuellement chez lui », a-t-on appris grâce à son avocat, Me Taher Aboul Nasr. Le photojournaliste est sorti tôt dans la matinée du commissariat d'al-Haram, près des pyramides de Guizeh. Des photos de lui circulent sur Internet, tout sourire entouré de ses parents. Mais il reste sous contrôle judiciaire strict pendant cinq ans, et devra dormir au commissariat de son quartier chaque soir.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) n'est pas satisfait des conditions assorties à sa libération. Le coordinateur Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'ONG, Sherif Mansour, cité dans un communiqué rapporté par l'Agence France-Presse, demande aux autorités de « mettre fin au traitement honteux de ce photojournaliste en supprimant toute condition à sa remise en liberté ».
Un régime critiqué par les ONG
Poursuivi pour « meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe terroriste », Shawkan risquait la peine capitale. Il avait été finalement condamné à cinq ans de prison en septembre, alors qu'il était déjà sous les verrous. Par la suite, le photographe est resté en prison, sa situation n'ayant pas été régularisée avec l'administration pénitentiaire au moment de la décision du tribunal.
Le lauréat du Prix mondial de la liberté de la presse de l'Unesco (c'était en mai dernier) a reçu beaucoup de soutiens. Plusieurs ONG internationales ont milité sans relâche pour sa libération, dénonçant à travers son cas l'attitude du pouvoir vis-à-vis des médias. Le président Abdel Fattah al-Sissi est régulièrement mis en cause par les organisations de défense des droits humains.
Shawkan, l'arbre qui cache la forêt
En septembre, plus de 700 personnes avaient été jugées en même temps que Shawkan, accusées pour la plupart d'avoir tué des policiers ou d'avoir vandalisé des biens publics lors des émeutes d'août 2013 ; 75 personnes, dont des dirigeants des Frères musulmans, avaient été condamnées à mort et 214 autres avaient écopé de cinq ans de prison. Certaines ont aussi été libérées lundi.
La haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, l'ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet, avait dénoncé le verdict en septembre, estimant que les droits des accusés avaient été « ignorés de manière flagrante » lors de la procédure. Le ministère égyptien des Affaires étrangères lui avait répondu de manière sèche, pointant son « manque d'objectivité ».
AFP.