La Russie avance ses pions dans le Golfe

  • 2019-03-05 23:56:00
Le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a entamé hier une tournée au Qatar avant d’aller en Arabie saoudite, au Koweït et aux Émirats arabes unis. Moscou est de retour dans le Golfe. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est rendu hier au Qatar, destination marquant la première étape de sa tournée dans le Golfe avant de s’envoler pour l’Arabie saoudite où il a été reçu par son homologue saoudien, Adel al-Jubeir. M. Lavrov doit ensuite continuer son voyage au Koweït et enfin aux Émirats arabes unis. Les discussions entre le chef de la diplomatie russe et les dirigeants des pays concernés doivent s’articuler autour des différents dossiers régionaux brûlants, à savoir la Syrie, la Libye, le Yémen et le conflit israélo-palestinien, ont rapporté les médias russes. Moscou entend profiter de son influence grandissante dans la région, conséquence de son intervention militaire en Syrie. La Russie est redevenue un acteur d’autant plus incontournable au Moyen-Orient que Washington souhaite se retirer progressivement de la région. Le Kremlin devrait notamment chercher à encourager les pays du Golfe à s’investir davantage dans la reconstruction en Syrie, faisant suite à la réouverture de l’ambassade des EAU à Damas, qui permettrait d’y contrer la présence iranienne. La Russie veut également s’insérer en tant que médiateur sur la question israélo-palestinienne, offrant d’accueillir les parties pour des pourparlers. La tournée de M. Lavrov fait par ailleurs suite aux récentes visites dans la péninsule Arabique du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, du gendre et conseiller du président américain Jared Kushner, et de l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient Jason Greenblatt. Sans pour autant essayer de remplacer les États-Unis, la Russie veut renforcer sa position dans le Golfe en tablant sur les intérêts communs, à commencer par les domaines pétrolier et énergétique. Diplomatie de haut niveau « Depuis l’insertion militaire de la Russie en Syrie et le rôle qu’elle a acquis dans la région, ses relations avec les pays du Golfe se sont développées sur les plans diplomatique et économique, alors que les flux commerciaux avec ces pays n’ont cessé de croître ces dernières années », explique à Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou, interrogé par L’Orient-Le Jour. Riche de ses hydrocarbures et de son pétrole, la péninsule Arabique est une zone géostratégique importante pour la Russie. Toutefois, « la dernière visite dans la région du président russe Vladimir Poutine remonte à 2007 et il s’agit avec cette tournée d’éliminer le manque concernant la diplomatie de haut niveau avec le Golfe », poursuit-il. La visite de M. Lavrov doit notamment permettre de préparer une visite du président russe dans la région en réponse aux invitations de l’Arabie saoudite et du Qatar. Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, et le président russe n’ont pas hésité à échanger une poignée de main vigoureuse tout en s’affichant tout sourire pour les caméras à l’occasion du G20 en novembre dernier. Également dirigée par un autocrate, la Russie paraît comme un partenaire plus indulgent pour Riyad, qui s’est retrouvé sous le feu des critiques occidentales suite à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul en octobre. Tenant à afficher la bonne entente entre le Kremlin et Doha, M. Lavrov a réaffirmé hier la volonté de Moscou « de maintenir un dialogue politique mutuellement bénéfique et élargir la coopération entre la Russie et le Qatar dans divers domaines », lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue qatari, cheikh Mohammad ben Abdel-Rahman al-Thani, faisant suite à sa rencontre avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Alors que les dirigeants qataris effectuent régulièrement des visites à Moscou et entretiennent de bonnes relations avec Téhéran et Ankara, deux des alliés du Kremlin, « il est donc attendu que Doha cherche aussi à se rapprocher de la Russie sur des plans autres que gazier et énergétique », note M. Delanoë. Insistant sur leur « amitié » et leur bonne entente, MM. Lavrov et al-Thani ont précisé que les conversations ont également porté sur les aspects énergétique et économique des rapports entre les deux pays, ainsi que sur le sport alors que le Qatar est l’organisateur de la Coupe du monde 2022, faisant ainsi suite à l’édition 2018 de l’événement qui s’était déroulé en Russie. AFP.

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