Algérie : un frère de l’ex-président Bouteflika et deux ex-patrons du renseignement arrêtés
2019-05-05 01:21:49
Ces arrestations, touchant des personnages tout puissants durant le règne du dirigeant déchu, interviennent au lendemain du 11e vendredi de mobilisation populaire.
Saïd Bouteflika, le frère et conseiller de l’ancien chef d’Etat, Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission le 5 avril, et deux anciens patrons des services de renseignements, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik, et le général à la retraite Athmane Tartag, dit Bachir, ont été arrêtés, samedi 4 mai, par les services de sécurité algériens. selon les médias locaux et une source sécuritaire auprès de l’Agence France-Presse, les trois hommes étaient entendus par la direction de la sécurité intérieure (DGSI).
Ces arrestations, qui touchent des personnages tout puissants durant le règne du président Abdelaziz Bouteflika, interviennent au lendemain du 11e vendredi de mobilisation populaire pour un changement de régime. Le chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, qui continue de s’en tenir à une transition dans le cadre de la Constitution, a été largement critiqué par les manifestants. Des pancartes appelant à l’arrestation de Saïd Bouteflika ont également été brandies.
La chute du clan présidentielCes arrestations étaient presque attendues depuis la rupture ouverte entre Ahmed Gaïd Salah et le clan présidentiel avec lequel il était lié depuis au moins 2004. Saïd Bouteflika, devenu un quasi-régent depuis l’accident vasculaire cérébral de son frère en 2013, le général Toufik, tout puissant patron des services de renseignement pendant un quart de siècle avant son limogeage en 2015, et Bachir Tartag, son successeur, ont en effet été accusés le 30 mars par le général Ahmed Gaïd Salah de « conspirer autour des revendications du peuple » afin d’entraver les solutions préconisées par l’armée pour sortir de la crise.
Le chef de l’armée visait une ultime tentative du clan présidentiel de gérer la sortie du président Bouteflika. Il reprenait les expressions de « forces extra-constitutionnelles » et de « bande » (généralement utilisées par l’opposition) pour désigner les trois hommes. Saïd Bouteflika avait en effet rencontré le général Médiene pour concocter une transition qui serait dirigée par l’ancien chef de l’Etat, le général Liamine Zeroual, lequel avait confirmé avoir reçu une telle demande.
Le 30 avril, le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la défense, a fait à son tour un témoignage à charge contre Saïd Bouteflika : selon lui, le frère cadet de l’ex-président était prêt à décréter l’état de siège ou d’urgence pour faire face au mouvement populaire et a envisagé de démettre Ahmed Gaïd Salah.
Le pouvoir algérien, qui fait face à une contestation pacifique inédite, multiplie les gestes censés satisfaire une population qui refuse massivement la tenue d’élections annoncée pour le 4 juillet et exige une transition dirigée par des personnalités indépendantes. Le chef de l’armée a ainsi demandé à la justice d’« accélérer » le traitement des affaires de corruption.
Ces dernières semaines, plusieurs oligarques proches de Saïd Bouteflika ont été arrêtés, notamment Ali Haddad et les frères Kouninef. Issad Rebrab, patron du groupe Condor, soupçonné d’être proche du général Toufik mais dont les relations avec le clan Bouteflika ont été difficiles, a également été emprisonné. L’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia et l’ancien chef de la police Abdelghani Hamel ont eux aussi été entendus par le procureur pour des affaires de corruption.
AFP.