L’Iran abat un drone américain, Donald Trump évoque « une très grosse erreur »
2019-06-20 21:59:41
Les gardiens de la révolution affirment que l’engin survolait l’Iran. Les Américains assurent qu’il était « dans l’espace aérien international ».
La situation est de plus en plus tendue dans le Golfe. L’Iran a annoncé, jeudi 20 juin, avoir abattu un « drone espion américain », qu’il accuse d’avoir violé son espace aérien. Pour étayer ces accusations, le ministre des affaires étrangères iranien a notamment publié sur Twitter les coordonnées de l’endroit où l’appareil a été descendu, selon Téhéran.
Dans la journée, Washington a confirmé qu’un de ses drones avait été abattu par l’Iran, mais nie que celui-ci ait violé l’espace aérien iranien. L’appareil se trouvait « dans l’espace aérien international » et « les informations iraniennes selon lesquelles l’engin aérien survolait l’Iran sont fausses », écrit le Pentagone dans un communiqué.
« L’Iran a fait une très grosse erreur ! », a tweeté Donald Trump dans un premier temps, sans autre précision. Le président américain a ensuite évoqué l’hypothèse d’une erreur humaine : « J’ai le sentiment que c’était une erreur faite par quelqu’un qui n’aurait pas dû [prendre cette décision] », a-t-il déclaré depuis le bureau Ovale. « J’ai du mal à croire que cela était délibéré. » Interrogé sur une éventuelle réponse américaine au drone abattu, il est resté évasif : « Vous verrez. »
Selon les gardiens de la révolution, le puissant organe militaire du régime iranien à l’origine du tir de missile, le drone avait décollé à « 00 h 14 » (heure de Téhéran) d’une base américaine sur « la rive sud du golfe Persique », « éteint tous ses dispositifs de reconnaissance », passé le détroit d’Ormuz – point de passage stratégique pour l’approvisionnement mondial de pétrole – et mis le cap vers l’est en direction du port iranien de Chabahar. De même source, l’appareil a été abattu au retour de sa mission après être entré dans l’espace aérien iranien. Aucune image de l’appareil détruit n’a été publiée par les médias iraniens.
« Ligne rouge »La violation des frontières iraniennes est la « ligne rouge » à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des gardiens. L’Iran « n’a aucune volonté de faire la guerre avec quiconque, mais nous y sommes prêts », a-t-il encore déclaré. Le pays compte porter l’affaire « devant l’ONU » afin de démontrer que « les Etats-Unis mentent » et qu’ils ont agressé la République islamique, a de son côté annoncé le ministre des affaires étrangères. Dans une lettre au chef de l’ONU et au Conseil de sécurité, l’Iran a demandé aux Nations unies d’intervenir pour que les Etats-Unis « mettent un terme à leurs actions illégales et déstabilisatrices » dans le Golfe.
Ces réactions inquiètent, alors que l’escalade récente fait craindre qu’une étincelle ne mette le feu aux poudres dans la région. « Les Etats-Unis disent qu’ils n’excluent pas un recours à la force (…). Cela serait une catastrophe pour la région », a réagi, jeudi, le président russe, Vladimir Poutine. La veille, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a estimé que « le risque de guerre dans le Golfe » n’était « pas écarté ». Selon Paris, le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, a effectué mercredi une visite éclair en Iran en vue « de contribuer à une désescalade des tensions ».
Tensions depuis l’attaque dans la mer d’OmanMercredi, l’armée américaine a intensifié ses accusations contre l’Iran, qu’elle tient responsable de l’attaque des deux tankers touchés par des explosions le 13 juin en mer d’Oman, photos à l’appui.
Téhéran a nié toute implication dans ces attaques, laissant plutôt entendre qu’il pourrait s’agir d’un coup monté des Etats-Unis pour justifier le recours à la force contre la République islamique.
Les tensions vont croissant dans la région depuis que le président américain a décidé, en mai 2018, de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran.