Les Émirats réduisent leurs troupes en évoquant une logique de « paix »

  • 2019-07-09 12:52:56
Les Émirats arabes unis ont annoncé hier une réduction de leurs troupes au Yémen, affirmant que cela doit leur permettre de passer d’une « stratégie » prioritairement « militaire » à une logique de « paix » dans ce pays dévasté par la guerre. Abou Dhabi et Riyad sont les piliers d’une coalition militaire qui soutient depuis mars 2015 les forces gouvernementales dans la guerre contre les rebelles houthis, appuyés par l’Iran. Plus de quatre ans après cette intervention étrangère, les houthis contrôlent toujours de vastes zones de l’ouest et du nord du pays, dont la capitale Sanaa, aucun des deux camps ne prenant le dessus sur l’autre. Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux civils, selon diverses ONG, et provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, d’après l’ONU. Les images d’enfants morts ou malnutris ont fini par faire réagir en Europe mais aussi aux États-Unis, où l’idée que les armes vendues à la coalition soient utilisées contre les civils a choqué les esprits. La conclusion en décembre 2018, sous l’égide de l’ONU en Suède, d’un accord sur une trêve dans la ville portuaire de Hodeida, principal point d’entrée de l’aide humanitaire internationale, a fait naître un espoir, mais l’accord n’a été que très partiellement appliqué. Raisons « stratégiques et tactiques » « Nous avons un certain nombre de troupes qui sont réduites pour des raisons stratégiques à Hodeida et pour des raisons tactiques » dans d’autres parties du Yémen, a déclaré hier à des journalistes un haut responsable émirati sous le couvert de l’anonymat. « Cela a à voir essentiellement avec le fait de passer d’une stratégie militaire prioritaire à une stratégie de paix prioritaire », a-t-il ajouté. Le responsable émirati a cependant réitéré l’engagement de son pays auprès du gouvernement yéménite et de son partenaire saoudien pour combattre les houthis. « Ce n’est pas vraiment une décision de dernière minute. Cela fait partie d’un processus, et bien entendu d’un processus au sein de la coalition qui a fait l’objet d’amples discussions avec nos partenaires », a-t-il souligné. Interrogé à Riyad, le porte-parole de la coalition, Turki al-Maliki, a assuré que les Émirats et leurs alliés étaient déterminés à « poursuivre leurs opérations et parvenir à leurs objectifs stratégiques » au Yémen. Les forces émiraties ont « totalement évacué » la base militaire de Khokha, à environ 130 km au sud du port stratégique de Hodeida, toujours aux mains des houthis, a indiqué pour sa part hier un responsable gouvernemental yéménite. Mais elles poursuivent leurs opérations militaires le long de la côte occidentale du Yémen avec la coalition et les forces gouvernementales yéménites, a ajouté ce responsable qui a souhaité rester anonyme. L’armée émiratie a également quitté un poste militaire à Sarwah, dans la province de Marib, à l’est de Sanaa, et retiré ses batteries antimissile Patriot de la région, selon la même source yéménite. Ce responsable a précisé que les Émirats avaient formé des dizaines de milliers de Yéménites, principalement pour combattre les jihadistes d’el-Qaëda dans la péninsule Arabique et du groupe État islamique (EI) dans les provinces yéménites du sud. « Avec le retrait, les Émirats peuvent rendre plus visibles leurs différences avec l’Arabie saoudite mais ils ne mettront pas en danger leur alliance avec le royaume », juge James Dorsey, spécialiste du Moyen-Orient. « Cela traduit davantage l’inquiétude de longue date des Émirats quant à sa position internationale sur fond de critiques croissantes sur le nombre de civils tués » au Yémen, selon lui. La déclaration émiratie survient dans un contexte de tensions dans le Golfe sur l’Iran, mais aussi quelques jours après qu’un sénateur démocrate américain a prévenu que Washington pourrait suspendre ses ventes d’armes à Abou Dhabi s’il s’avérait que cet allié a transféré des missiles américains à des rebelles en Libye.AFP.

متعلقات