Au nord de Tunis, abstention et vote éclaté lors des élections législatives
2019-10-06 17:05:32
Les électeurs tunisiens se rendent aux urnes en rangs clairsemés dimanche, pour un scrutin législatif qui semble annoncer une future Assemblée émiettée.
A la Marsa, commune balnéaire au nord de Tunis, l’affluence était modeste, dimanche 6 octobre, une demi-heure après l’ouverture du bureau de vote installé au collège Taïeb-Mhiri. Les peintures poétiques sur les murs figurant une femme en sefsari [vêtement traditionnel couvrant le corps de la femme] et des fleurs contrastent avec l’atmosphère tendue de ce scrutin législatif, deuxième rendez-vous électoral après le premier tour de l’élection présidentielle du 15 septembre.
« On attend moins de gens que pour la présidentielle, c’est normal, les gens ont été fatigués par toutes les polémiques qui s’en sont suivies », confie une observatrice. Les rares matinaux sont ceux qui sont les moins indécis. Abdellah Ben Mansour, 34 ans, directeur général d’une société familiale, marche sans hésiter en s’éloignant de l’isoloir, lunettes d’aviateur vissées sur le nez. « Je n’ai pas hésité, je soutiens Nabil Karoui et son parti Qalb Tounès [Au cœur de la Tunisie], déclare-t-il d’un ton assuré. Je suis un fervent anti-islamiste. Pour moi, il n’y a que lui qui puisse faire rempart à Ennahda. Je crois encore dans les partis politiques et c’est un parti que je connais bien. »
Cet argument du « vote utile » anti-Ennahda a été l’un des axes de campagne des partisans de M. Karoui, qui espèrent ainsi ressouder autour des couleurs de Qalb Tounès une famille « moderniste » déchirée lors du premier tour de la présidentielle. Mais dans ce bureau de vote de La Marsa, certains sont plus mitigés et ne veulent pas retomber dans les clivages idéologiques de 2011 et 2014 centrés autour de la question de l’islam politique.