Syrie: Erdogan attend Pence et Pompeo mais reste ferme
2019-10-17 15:18:30
Deux jours après avoir décrété des sanctions contre la Turquie pour son opération contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, Donald Trump envoie son vice-président Mike Pence et son chef de la diplomatie Mike Pompeo à Ankara. Ils seront reçus ce jeudi par Recep Tayyip Erdogan et tenteront de le convaincre de mettre un terme à son offensive. Une option rejetée d’emblée par le président turc.
Le président turc refuse la moindre concession. « Nous ne pourrons jamais déclarer de cessez-le-feu ». « Nous ne pouvons pas nous asseoir à la table des terroristes ». C’est ce qu’il a dit devant des journalistes, puis répété quelques heures plus tard devant les députés de son parti, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.
Sommé par les pays occidentaux de mettre fin à son offensive, le président Erdogan pose une condition : « Notre proposition est la suivante: tout de suite, ce soir, que tous les terroristes déposent leurs armes et leurs équipements, détruisent toutes leurs fortifications et se retirent de la zone de sécurité que nous avons fixée ».
Recep Tayyip Erdogan écarte donc d’un revers de main les propositions américaines de médiation. Il promet d’aller jusqu’au bout de ses projets, c’est-à-dire jusqu’à la création d’une vaste zone tampon dans le nord de la Syrie. Et il ne semble du tout pas impressionné par les premières sanctions décrétées ces jours-ci par les États-Unis et les pays européens.
C’est ce qu’il devrait dire ce jeudi à la délégation américaine qui vient le voir à Ankara. Peut-être une rencontre de la dernière chance avant que la Maison Blanche ne prenne d’autres sanctions et que le Congrès fasse de même. Donald Trump a menacé de « détruire » l’économie turque. Ses émissaires viennent sans doute donner à Tayyip Erdogan un avant-goût de ce qui l’attend s’il s’obstine dans son offensive.
Trump prend ses distances
Mike Pence et Mike Pompeo arriveront d'ailleurs avec en poche, la liste de nouvelles sanctions susceptibles d’être mises en œuvre par les Américains. Mais cela ne suffira sans doute pas à faire plier le président turc, surtout que Donald Trump a pris de sérieuses distances avec le conflit. La manière dont le président américain a parlé des Kurdes du PKK, alliés des Kurdes de Syrie, a même dû faire plaisir à son homologue turc.
« Qu’est-ce que cela à avoir avec les Etats-Unis, qu’ils se battent en territoire syrien ? a déclaré Donald Trump. Est-ce qu’on est supposés se battre contre un allié de l’Otan ? Et le PKK, qui est Kurde, est probablement une menace terroriste plus importante à beaucoup d’égards que l’Etat islamique. »