Un accord de cessez-le-feu temporaire en trompe-l’œil en Syrie

  • 2019-10-18 17:38:06
La Turquie a accepté, jeudi 17 octobre, de suspendre son offensive en Syrie pendant cinq jours afin de permettre aux forces kurdes de se retirer d’une « zone de sécurité » voulue par Ankara, selon les termes d’un accord négocié par l’administration américaine et présenté par le gouvernement turc comme une victoire absolue. « La Turquie a mis les Etats-Unis à genoux », titrait, jeudi soir, le site du quotidien progouvernemental Yeni Akit. La trêve, annoncée depuis Ankara par le vice-président américain, Mike Pence, après quatre heures d’entretien avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a été saluée par Donald Trump. Le président américain n’a pas économisé ses mots pour qualifier la « pause » de cinq jours concédée par la Turquie, vantant jeudi un « résultat incroyable ». En déplacement au Texas, il s’est félicité d’être parvenu, selon lui, à un accord poursuivi en vain « depuis dix ans » sans lequel « des millions et des millions de vies » auraient été sacrifiées. Reprenant, sans aucune distance, les arguments turcs en faveur de l’invasion du nord-est de la Syrie, il a estimé que, « pendant de nombreuses années, la Turquie, nous devons le reconnaître, a eu un problème légitime avec ça. Il y avait des terroristes. Il y avait beaucoup de gens là-bas qu’ils ne pouvaient pas avoir. Ils ont également subi de nombreuses pertes en vies humaines ». « Ils ont dû faire du nettoyage », a assuré Donald Trump. « Loin d’être une victoire »« Je veux remercier les Kurdes parce qu’ils sont incroyablement heureux avec cette solution. C’est une solution qui vraiment leur sauve la vie, franchement. Cela leur sauve la vie », a-t-il assuré, avant de juger que les sanctions dont il avait menacé Ankara « ne seront pas nécessaires ». A son homologue turc, il a tressé une couronne de lauriers : « C’est un sacré leader, et c’est un homme dur. C’est un homme fort. Et il a fait le bon choix et je l’apprécie vraiment », a-t-il dit à propos de M. Erdogan, qui devrait effectuer une visite à la Maison Blanche, le 13 novembre. L’accord a incité une partie des élus républicains, très remontée contre Donald Trump, à temporiser, notamment sur un projet de sanctions drastiques défendu par des élus des deux bords. Il n’a pas emporté en revanche l’adhésion de Mitt Romney (Utah). « L’annonce d’aujourd’hui est présentée comme une victoire. Elle est loin d’être une victoire », a assuré l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2012, jugeant qu’elle ajoutait « l’insulte au déshonneur ». « Sommes-nous si faibles et si ineptes diplomatiquement que la Turquie a forcé la main des Etats-Unis d’Amérique ? La Turquie ? », s’est-il exclamé.  

متعلقات