« Nous sommes prêts à manifester indéfiniment » : en Irak, la mobilisation contre le gouvernement reprend dans le sang
2019-10-27 12:26:47
Au moins quarante personnes ont été tuées lors de rassemblements à Bagdad et dans le sud chiite du pays, vendredi, pour dénoncer le gouvernement, les milices chiites et, à travers elles, l’Iran.
C’est dans une violence sans commune mesure qu’a repris, vendredi 25 octobre, le mouvement de contestation contre le pouvoir en Irak. Après une semaine de manifestations au début du mois, qui avaient fait 157 morts et plus de 6 000 blessés, et trois semaines d’une trêve implicite durant le pèlerinage chiite de l’Arbaïn, des milliers d’Irakiens, des jeunes hommes pour la plupart, se sont à nouveau réunis à Bagdad et dans les villes chiites du sud du pays pour dénoncer la corruption et l’incurie de la classe politique. Plus de 40 personnes ont été tuées et 2 300 autres blessées, selon des sources de sécurité et la Commission irakienne des droits de l’homme.
Les manifestations avaient débuté dans une atmosphère bon enfant, jeudi soir. Aux cris de « tous des voleurs », les manifestants avaient commencé à affluer place Tahrir, à Bagdad, pour réclamer « la chute du régime ». Dans la nuit et toute la journée de vendredi, les forces de sécurité leur ont opposé des barrages de gaz lacrymogènes, de balles assourdissantes et des tirs de sommation pour les empêcher d’accéder à la zone verte, le quartier ultrasécurisé qui réunit les institutions du pays et les représentations étrangères. Au moins huit personnes ont été tuées, dont plusieurs touchées à la tête par des cartouches de gaz lacrymogènes.
Le ministre de l’intérieur, Yassin Al-Yasseri, était pourtant venu sur l’emblématique place du centre de Bagdad, dire aux manifestants que les policiers les protégeraient. Dans une allocution télévisée après minuit, le premier ministre, Adel Abdel Mahdi, avait assuré que la liberté de manifester serait garantie, mais qu’aucune violence ne serait tolérée. « Où sont les snipers, oh Adel ? Dans ma poche ? », l’interpellaient, moqueurs, de jeunes hommes, en dénonçant les écueils du rapport d’enquête gouvernemental sur les violences de début octobre.