Manifestations en Irak : Couvre-feu et barrages « sur ordre du peuple »

  • 2019-11-04 16:16:21
Barrages routiers, couvre-feu, ordres aux policiers… Un mois après le lancement d’un mouvement de contestation en Irak, le peuple a assuré avoir pris le pouvoir et l’a fait savoir. Depuis le 1er octobre, les Irakiens manifestent pour réclamer « la chute du régime ». Si la contestation a été marquée par des violences meurtrières qui ont fait, officiellement, au moins 257 morts, elle est désormais organisée par les étudiants et les syndicats. Ils ont multiplié dimanche les appels à la désobéissance civile, tandis que les syndicats des enseignants, des ingénieurs, des médecins et des avocats ont déclaré la grève générale, paralysant la plupart des écoles publiques et des administrations de Bagdad. « La route est ouverte sur ordre du peuple » Sur la corniche du Tigre à Bagdad, les manifestants ont installé leur propre checkpoint, ce dimanche, répondant aux policiers : « On a des ordres, vous ne pouvez pas passer ». La veille, sur la même route, un véhicule s’est interposé devant un engin de chantier militaire venu installer de nouveaux blocs de béton aux abords de la place Tahrir. « La route est ouverte sur ordre du peuple », ont même inscrit les manifestants sur la chaussée. Dans la province pétrolière de Bassora, la route menant au port, vital pour les importations alimentaires du pays, a été « fermée sur ordre du peuple », comme le proclamaient des graffitis sur les blocs de béton. Ailleurs, devant les Conseils provinciaux de plusieurs villes du sud du pays, de grandes banderoles ont été placées en travers des portes : « Cette administration est fermée sur ordre du peuple », pouvait-on y lire. A Diwaniya, à 200 kilomètres au sud de Bagdad, le Conseil provincial sert désormais de déchetterie. Et régulièrement, des camions-poubelles ou des particuliers viennent y jeter les sacs remplis à ras bord de déchets. Un couvre-feu instauré par les manifestants A Roumeitha, une localité du sud qui s’était déjà illustrée dans une autre « révolution d’octobre », celle de 1920 contre le mandat britannique, le peuple a décidé d’utiliser les armes du pouvoir contre lui. Au beau milieu d’une manifestation, un protestataire s’est improvisé leader. Micro en main, il a lu les instructions du peuple – auquel les autorités ont déjà imposé plusieurs couvre-feux. « Nous décrétons un couvre-feu des personnes et des véhicules de l’Etat », a-t-il lancé, ajoutant : « Et la fermeture de tous les sièges des partis ». Dans les écoles, les jeunes sont sortis avant même que le syndicat des enseignants ne déclare la grève générale. « Pas de pays, pas d’école ! », ont-ils déclaré depuis dans toutes les manifestations. Les enseignants ont suivi, ravis d’être surpris par la « génération PUBG », du nom de ce jeu de combat en ligne, interdit récemment par le Parlement parce que les députés jugeaient qu’il incitait à la violence dans un pays déchiré depuis 40 ans par la guerre.

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