Irak: le président Saleh nomme le chef du renseignement au poste de Premier ministre
2020-04-10 16:22:08
L'ex-gouverneur de Najaf, Adnane Zorfi, qui n’avait jamais été ministre, a jeté l'éponge, poussé vers la sortie par un rare consensus politique contre lui.
Le président irakien Barham Saleh a annoncé, ce jeudi 9 avril, avoir chargé le chef du renseignement Moustafa al-Kazimi de former un gouvernement. Ce dernier a longtemps été vu comme l'homme des Américains en Irak avant de réchauffer ses relations avec le grand ennemi de Washington, Téhéran, principale puissance agissante en Irak.
Depuis plusieurs jours, les réunions au sommet se sont multipliées. La semaine dernière, le général iranien Esmaïl Qaani, émissaire en charge des affaires irakiennes depuis l'assassinat du général Qassem Soleimani début janvier, avait même fait le déplacement à Bagdad pour réunir les chefs de partis et discuter d'un remplacement d'Adnane Zorfi. Mercredi, les deux grands partis kurdes ont annoncé que si jamais ce dernier se retirait, leur soutien à M. Kazimi était déjà acquis.
Ce jeudi, lors de la cérémonie officielle de désignation au palais présidentiel, la plupart des plus grands politiciens du pays étaient présents, ce qui n'était pas le cas pour les précédents candidats au poste de Premier ministre.
Trente jours pour présenter un cabinet au Parlement
Poussé vers la sortie sans avoir même pu convoquer le Parlement pour un vote de confiance ou présenter une liste de ministres, M. Zorfi avait été désigné le 17 mars. Avant lui, Mohammed Allawi avait échoué à l'issue des 30 jours constitutionnels à obtenir le quorum pour un vote de confiance au Parlement.
Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi avait annoncé sa démission en décembre, alors que le pays vivait depuis le 1er octobre une révolte populaire inédite qui l'a plongé dans une crise sociale et politique sans précédent. Le mouvement de protestation avait été mis entre parenthèse par la pandémie mondiale de Covid-19. Un couvre-feu total a été décrété dans le pays jusqu'au 19 avril au moins.
Moustafa al-Kazimi a désormais 30 jours pour présenter un cabinet au Parlement - dont les modalités de réunion sous couvre-feu sont encore à déterminer. Le futur gouvernement devra ensuite, et avant toute chose, faire adopter le budget 2020, toujours pas voté, dans un contexte de plongeon historique des cours du brut, l'unique source de devises du pays, deuxième producteur de l'Opep.
L’Irak a besoin d’urgence d’un nouveau gouvernement pour faire face aussi face à la crise du coronavirus qui touche également la population.