Irak: après des mois de colère, le nouveau Premier ministre veut renouer avec la rue
2020-05-11 03:14:28
Depuis des mois, l'Irak avançait sans dirigeant. Ces mois difficiles, rythmés par des manifestations historiques, ont poussé l'ancien Premier ministre à démissionner. Ce samedi s'est tenu le premier conseil des ministres du gouvernement de Moustafa al-Kazimi, le nouveau Premier ministre.
Sans plus attendre le nouveau Premier ministre, Mustafa al-Kazimi, et son équipe ont tenté de renouer avec la population pour contrer la reprise du mouvement de protestation.
Le nouveau gouvernement s'est engagé à libérer les manifestants emprisonnés et à dédommager les proches des plus de 550 tués. Autre promesses : établir la vérité, identifier ceux qui ont tiré sur le peuple irakien.
En effet, durant les mois de manifestations, des hommes masqués ont visé les cortèges. Beaucoup de manifestants accusent les milices iraniennes d'avoir infiltré les forces de sécurité pour mater cette rébellion à leur frontière. Les promesses ont continué, comme le versement des retraites pour les fonctionnaires, coupées par mesure d'austérité, et l'adoption par le Parlement d'une nouvelle loi afin de tenir les élections anticipées.
En équilibre sur un fil
Le nouveau Premier ministre veut agir vite, il est en équilibre sur un fil. L'Irak a entamé un déconfinement province par province depuis plusieurs jours. Dans ce pays fortement impacté par la chute des prix du pétrole le retour à une certaine liberté de déplacement a laissé place dans les villes du sud et à Bagdad à de nouvelles manifestations émaillées de heurts avec la police. Ce dimanche, dans la capitale, ils étaient des centaines sur la place Tahrir continuant à rejeter ce régime dont est issu le Premier ministre et ancien chef des renseignements.
En octobre dernier un mouvement de rejet du régime irakien avait débuté poussant notamment le Premier ministre à la démission. Et puis le coronavirus avait forcé les jeunes à rester chez eux. La semaine dernière alors que le pays reprenait une activité plus normale un nouveau Premier ministre Mustafa al-Kazimi a reçu la confiance du Parlement. Mais depuis, les Irakiens sont de plus en plus nombreux à crier leur rejet de ce nouveau dirigeant.
Dans le nord du pays également, dans la région du Kurdistan irakien, les manifestations se succèdent pour dénoncer la corruption des autorités kurdes. Dans la région autonome, les fonctionnaires, dont fait partie le personnel hospitalier ne sont pas payés depuis le début de l'année. Les autorités régionales affirment que le coronavirus et la chute du prix du pétrole sont la raison de ce manque d'argent. Les manifestants accusent, eux, le gouvernement kurde d'utiliser l'épidémie pour cacher les problèmes profonds de corruption.
Alors que près d'un Irakien sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, la lutte a donc rapidement repris. Il reste difficile de connaître situation sanitaire réelle dans le pays puisque les tests sont très rares.