Corruption et malversations : la justice américaine trop sévère avec les entreprises françaises ?

  • 2019-02-02 20:46:12
A 80 ans, l’escroc du siècle Bernard Madoff croupit dans une prison de haute sécurité, où il finira sans doute ses jours, condamné à cent cinquante ans de réclusion. Tim Leissner, lui, sera fixé sur sa peine en juin : cet ancien associé de la banque d’affaires Goldman Sachs a plaidé coupable dans la gigantesque escroquerie d’un fonds souverain en Malaisie et sa sentence dépendra de la manière dont il dénoncera à la police fédérale (FBI) ses anciens employeurs. Il y a dix ans, Halliburton, l’ex-société de Dick Cheney, vice-président de George W. Bush, s’est vu infliger 580 millions de dollars (305 millions d’euros) d’amendes dans un immense scandale au Nigeria ; l’affaire reste un record dans la lutte anticorruption (1,7 milliard de dollars d’amendes au total). Mais le summum a été atteint par Bank of America Merrill Lynch, qui s’est vu infliger 76,1 milliards de dollars de pénalités en tous genres depuis la crise financière de 2008. Bienvenue dans le monde impitoyable de la justice américaine, celui du Department of Justice (DOJ pour les intimes), assisté du FBI et des différentes agences américaines (la Réserve fédérale, la Securities Exchange Commission…). Un monde dur, peu compréhensible pour un esprit français : on y troque de la prison contre des amendes financières. On ne passe jamais ou presque par la case procès, mais l’on négocie avec le procureur en « plaidant coupable », espérant la mansuétude du juge. La peine infligée dépend de la diligence mise à collaborer avec le FBI, mais aussi de l’agenda politique des procureurs du DOJ, des élus qui passent du business à la politique. Résister, c’est s’engager dans quinze ans de procédure – ce qu’a fait le Français François Pinault dans l’affaire Executive life – et risquer vingt ans de prison réellement effectués si l’on est jugé coupable. AFP.

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