Brexit : l’impasse se prolonge entre Bruxelles et Londres
2019-02-07 23:15:49
La première ministre britannique veut modifier le dispositif de « backstop » prévu en Irlande. Mais les Européens ont averti à de multiples reprises que l’accord de retrait n’était pas renégociable.
A l’issue de conversations « musclées mais constructives » entre Theresa May et les dirigeants de l’Union européenne, Bruxelles et Londres ont convenu jeudi 7 février d’avoir de nouvelles « discussions » pour sortir de l’impasse. A un mois et demi de la date supposée du Brexit, la première ministre britannique a tenté, encore une fois, en vain, de trouver un accord avec Bruxelles sur la question brûlante de la frontière irlandaise. Une tâche ardue, pour ne pas dire déjà condamnée à l’échec, car les Européens ne cessent de répéter que l’accord de retrait entériné à la fin de novembre – mais que le Parlement britannique a rejeté le 15 janvier – n’était pas ouvert à la renégociation.
La première rencontre a eu lieu avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles. Les deux dirigeants ont convenu de poursuivre les négociations « pour savoir s’il est possible de trouver une solution qui recueillerait » à la fois une majorité au Parlement britannique et « respecterait » les conditions fixées par les Vingt-Sept. Une nouvelle rencontre est prévue pour « avant la fin du mois de février », a fait savoir la Commission dans un communiqué.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a jugé pour sa part que son entretien avec Theresa May n’avait pas permis de réaliser des progrès pour permettre une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’UE. « Toujours aucune percée en vue. Les discussions vont continuer », a-t-il déclaré dans un message posté sur son compte Twitter.
Le « backstop » rejeté par le Parlement
La tâche de Mme May jeudi s’annonçait difficile, de son propre aveu, tant les Européens ont averti à de multiples reprises que l’accord de retrait n’était pas renégociable. Mais tous continuent d’affirmer vouloir éviter le scénario redouté d’un Brexit sans accord le 29 mars. Les deux parties ont finalement campé sur leurs positions.
Theresa May a répété jeudi qu’elle voulait des « modifications légalement contraignantes » de cet accord, afin de répondre aux « inquiétudes du Parlement » britannique sur le backstop, le filet de sécurité inscrit dans l’accord de retrait et imaginé pour éviter un rétablissement de la frontière entre les deux Irlandes. Ce à quoi Jean-Claude Juncker lui a répondu, une nouvelle fois, que « les Vingt-Sept ne rouvriront pas l’accord, qui est un compromis soigneusement équilibré entre l’UE et le Royaume-Uni, dans lequel les deux parties ont fourni des concessions importantes ».
Cette disposition a été introduite dans l’accord de retrait en tant que solution de dernier recours destinée à empêcher le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande pour préserver les accords de paix de 1998. Elle prévoit que le Royaume-Uni resterait dans une union douanière avec l’UE, et la province britannique d’Irlande du Nord dans le marché unique pour les biens, afin d’éviter des contrôles douaniers et réglementaires physiques, si aucune autre solution n’était trouvée au cours des négociations sur les futures relations entre Londres et l’UE.
Seul point sur lequel les Européens sont prêts à des modifications : la déclaration politique qui accompagne l’accord de retrait, dans laquelle il est possible d’être « plus ambitieux en termes de contenu et de rapidité en ce qui concerne la relation future » entre Bruxelles et Londres, selon le communiqué commun.
Trois scénarios possibles
Mme May n’est pas allée à Bruxelles avec une offre déterminée. Selon Downing Street, trois modifications sont envisagées sur le backstop : une limite dans le temps, une sortie unilatérale décidée par le Royaume-Uni ou un plan proposé par des députés reposant notamment sur l’utilisation de technologies pour des contrôles douaniers dématérialisés.
Bruxelles a déjà écarté les deux premières options par le passé et doute de la faisabilité de la troisième. Seul point sur lequel les Européens sont prêts à des modifications : la déclaration politique qui accompagne l’accord de retrait dans laquelle il est possible d’être « plus ambitieux en termes de contenu et de rapidité en ce qui concerne la relation future » entre l’UE et Londres, selon le communiqué publié jeudi.
Pour l’Union européenne, il s’agit non seulement de ne pas fragiliser les accords de paix de 1998, qui ont mis fin aux troubles en Irlande du Nord, mais aussi de préserver le principe de base qu’est le marché unique.
L’absence d’alternative claire au backstop menace de plus en plus de précipiter le Royaume-Uni vers une sortie sans accord (ou « no deal ») le 29 mars. Si Theresa May ne parvient pas à obtenir des concessions, elle reviendra à Londres au point de départ, avec plusieurs scénarios : un Brexit sans accord, un nouveau référendum, des élections anticipées ou pas de Brexit du tout. Cette situation inquiète la Banque d’Angleterre, qui a sabré jeudi ses prévisions de croissance pour 2019 et prévenu que l’économie britannique n’était « pas prête » à une sortie sans accord.
Pour l’Union européenne, il s’agit non seulement de ne pas fragiliser les accords de paix de 1998, qui ont mis fin aux troubles en Irlande du Nord, mais aussi de préserver le principe de base qu’est le marché unique.
L’absence d’alternative claire au backstop menace de plus en plus de précipiter le Royaume-Uni vers une sortie sans accord (ou « no deal ») le 29 mars. Si Theresa May ne parvient pas à obtenir des concessions, elle reviendra à Londres au point de départ, avec plusieurs scénarios : un Brexit sans accord, un nouveau référendum, des élections anticipées ou pas de Brexit du tout. Cette situation inquiète la Banque d’Angleterre, qui a sabré jeudi ses prévisions de croissance pour 2019 et prévenu que l’économie britannique n’était « pas prête » à une sortie sans accord.
AFP.