Incendie meurtrier à Paris : la suspecte placée en détention provisoire
2019-02-09 23:54:26
Dix personnes sont mortes dans les flammes, dans la nuit de lundi à mardi. Cette quadragénaire avait été interpellée peu après le départ de feu, en état d’ébriété.
La femme souffrant de problèmes psychiatriques soupçonnée d’avoir volontairement déclenché en début de semaine l’incendie d’un immeuble parisien qui a fait dix morts et 96 blessés a été mise en examen, dans la soirée du vendredi 8 février, et placée en détention provisoire, a annoncé le parquet de Paris.
La quadragénaire, habitant cet immeuble du 16e arrondissement, avait été interpellée en état d’ébriété, dans la nuit de lundi à mardi, peu après le départ de l’incendie, le plus meurtrier dans la capitale en près de quatorze ans. Elle était encore jusque récemment internée en hôpital psychiatrique.
Au terme de sa garde à vue, l’unique suspecte de l’incendie a été présentée à un juge d’instruction puis mise en examen dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour « destruction par incendie de nature à créer un danger pour les personnes » et « destruction par incendie ayant entraîné la mort », a précisé le parquet de Paris. Conformément aux réquisitions du ministère public, elle a été placée en détention provisoire.
Treize séjours en psychiatrie en dix ans
Les pompiers qui avaient mis six heures à maîtriser le feu avaient décrit un incendie d’une « incroyable violence ». « Je suis allée chez une voisine. De chez elle, on voyait les flammes, on entendait les cris… », avait rapporté à l’Agence France-Presse Claudine, une habitante du 19, rue Erlanger, juste à côté de l’immeuble entièrement rongé par les flammes.
Depuis le drame, le profil et le suivi psychiatriques de la suspecte sont au cœur des investigations. Lors de ses premières auditions devant les enquêteurs, elle avait nié avoir commis les faits qui lui sont reprochés. Puis, sa garde à vue avait été suspendue mardi après-midi afin de permettre aux médecins de pratiquer un examen à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police.
Unique en France, cette structure, surnommée l’« I3P » (pour infirmerie psychiatrique de la préfecture de police), accueille des personnes présentant à la fois un « danger imminent pour la sûreté des personnes » et « des troubles mentaux manifestes ». L’audition de la suspecte a pu reprendre jeudi.
D’après l’enquête, elle venait de sortir, le 30 janvier, d’un séjour de près de deux semaines à l’hôpital psychiatrique Saint-Anne à Paris. Cette hospitalisation, la treizième en dix ans, avait pris fin « sur décision médicale », a informé mercredi le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, lors d’une conférence de presse.
Arrêtée ivre dans une rue voisine
La nuit du drame, un voisin avait appelé la police juste après minuit pour se plaindre du bruit causé par cette femme. L’homme, par ailleurs pompier, l’avait ensuite recroisée dans le hall après le départ des forces de l’ordre. Elle lui avait alors lancé : « Regarde-moi droit dans les yeux. Toi qui aimes les flammes, ça va te faire tout drôle quand ça va exploser. »
Puis peu après 0 h 30, une habitante de l’immeuble alertait les pompiers d’un départ de feu dans l’immeuble. Au même moment, la suspecte était arrêtée ivre alors qu’elle tentait de mettre le feu à une voiture, dans une rue voisine.
Ses antécédents judiciaires font apparaître trois procédures dans lesquelles elle avait été mise en cause, sans jamais être condamnée. Deux ont été classées sans suite en 2016, en raison d’un « état mental déficient » ; l’une pour un « vol avec mise à feu de vêtement » et l’autre pour des violences, selon le procureur. Par ailleurs, en 2017, une autre procédure pour « violences conjugales » avait été classée sans suite faute d’infraction suffisamment caractérisée.
AFP.