Élection en France: Macron fait face à des défis immédiats au pouvoir après sa victoire

  • 2022-04-25 21:43:34
Emmanuel Macron a fait quelque chose qu'aucun autre président français n'avait réalisé auparavant : gagner sa réélection tout en étant toujours à la tête de son propre gouvernement. La victoire du président centriste sur Marine Le Pen a peut-être été convaincante, mais il a un problème. Il y a de nouvelles élections au coin de la rue à l'Assemblée nationale française et une grande partie de l'électorat ne l'aime pas. "Il y a beaucoup de haine", a déclaré à l'AFP le sociologue Michel Wieviorka. "Il a dit hier soir" je suis heureux "mais je ne pense pas qu'il puisse être totalement heureux car il y a beaucoup de nuages ​​dans son ciel." Politiquement, s'il obtient de mauvais résultats aux élections de juin, il pourrait finir par perdre sa majorité et ne pas être en mesure de former son propre gouvernement. C'est pourquoi ses adversaires appellent le prochain vote un "troisième tour". Pourquoi cela aurait-il de l'importance s'il vient de remporter 58,5% du vote national? Beaucoup de ses électeurs ne sont pas des partisans naturels et ne le soutiendront probablement pas en juin. Un grand nombre d'électeurs d'extrême gauche se sont pincés pour garder l'extrême droite hors du pouvoir, mais il y a aussi un certain nombre de partis traditionnels qui ont également apporté leur soutien à lui, notamment les républicains, les verts et les socialistes. Un sondage d'opinion a indiqué que 63% des électeurs préféreraient qu'il perde sa majorité et doive partager le pouvoir avec un gouvernement d'opposition, connu en France sous le nom de "cohabitation". Le dirigeant d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a pour projet de devenir lui-même Premier ministre. Si cela devait arriver, il y aurait peu d'amour perdu entre lui et le président. Il a affirmé que M. Macron avait remporté le vote avec le pire résultat de l'histoire de France. Même s'il avait tort, c'était toujours un argument valable que plus d'un tiers des électeurs étaient soit restés à l'écart de l'élection, soit n'avaient voté pour aucun candidat. Le vainqueur des élections françaises est donc un homme pressé. Il veut précipiter d'importantes réformes pour persuader un électorat blasé de voter pour son parti. Dans quelques jours, il doit former un nouveau gouvernement, en remplacement du Premier ministre Jean Castex, qui a dirigé la France pendant la pandémie de Covid. La ministre du Travail Elisabeth Borne est considérée comme un choix populaire, car elle a un bilan solide sur les questions sociales et ce sont les réformes sociales qui sont sa priorité en ce moment. On pense également que M. Macron veut une femme au travail. Et elle semble comprendre la nécessité d'aller vite - surtout lorsqu'il s'agit de la question qui a dominé les deux tours de l'élection présidentielle : le coût de la vie qui cause un casse-tête dans la société française et est devenu le centre de la campagne de Marine Le Pen. "Nous devons fournir des réponses rapides", a-t-elle déclaré aux journalistes. En effet, quelques heures après le résultat des élections, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a promis de maintenir en place un plafonnement des prix du gaz et de l'électricité jusqu'à la fin de 2022. Mais les dépenses ne sont que l'une des quatre priorités que Macron doit mettre en avant dans les semaines à venir, selon la ministre déléguée à l'Economie Agnès Pannier-Runacher. L'environnement, l'éducation et la santé sont également essentiels, les questions écologiques étant une priorité particulière pour les jeunes électeurs. Et n'oubliez pas, 41% des 18-24 ans n'ont pas pris la peine de voter dimanche. Mais la réforme phare que Macron est bien décidé à faire passer fait polémique : relever l'âge de la retraite de 62 à 65 ans. Cependant, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a promis que l'administration Macron était en mode écoute. Il a insisté sur le fait qu'il y aurait un changement d'approche au cours des cinq prochaines années, et sur les retraites, ils redoubleraient de concertation pour "entendre les inquiétudes des gens". Demander aux Français de travailler trois ans de plus avant de percevoir leur pension n'est pas exactement une décision populaire, donc M. Macron s'efforce de dire qu'il est flexible sur la manière dont cela est apporté et quand. Et pourtant, son ministre des Finances n'a pas exclu de le forcer à passer sans vote s'il le fallait. Pour un président parfois surnommé Jupiter pour son arrogance perçue, les observateurs voient cela comme un moment critique pour lui de s'adapter. "Il doit accepter l'idée que la négociation est importante, cela ne signifie pas des décisions du haut vers le bas", explique Michel Wieviorka. "Je pense qu'il est psychologiquement et culturellement difficile pour lui de passer à une politique plus démocratique." Dans son discours de victoire, M. Macron a déclaré qu'il n'était plus le candidat d'un camp mais le président de tous. Personne ne serait laissé au bord du chemin, a-t-il juré. Il a également insisté sur le fait que les cinq prochaines années seraient gérées différemment des précédentes, sans expliquer comment. Il n'aura peut-être pas longtemps pour le prouver.

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