En Colombie, deux afro-descendantes en compétition pour la vice-présidence

  • 2022-06-15 14:56:50
La féministe Francia Marquez, colistère du candidat de gauche Gustavo Petro, et l’universitaire Marelen Castillo, qui forme un ticket avec le chef d’entreprise Rodolfo Hernandez, s’affrontent à la présidentielle du 19 juin. Le résultat du second tour de l’élection présidentielle colombienne, prévu dimanche 19 juin, s’annonce serré. Une seule certitude : une femme afro-descendante sera vice-présidente dans ce pays où machisme et racisme se portent bien. A gauche de l’échiquier, Francia Marquez, 40 ans, est colistière du candidat Gustavo Petro, arrivé en tête du premier tour avec 40,3 % des votes. « Je viens d’une histoire de lutte et de résistance commencée par mes ancêtres amenés en condition d’esclavage », résume cette militante antiraciste, écologiste et féministe, qui entend représenter « ceux qui ne sont rien ». Mme Marquez séduit le mouvement alternatif et les féministes autant qu’elle effarouche une certaine droite, qui lui reproche de « distiller la haine ». « J’ai beaucoup d’admiration pour Francia Marquez qui, comme moi, s’est construite à la force du poignet », admet pour sa part Marelen Castillo qui, elle, est la candidate à la vice-présidence de Rodolfo Hernandez, l’inclassable outsider de 77 ans, qui affrontera dimanche M. Petro. Diplômée en physique, biologie et ingénierie, Mme Castillo, 53 ans, a été professeure de lycée avant d’entamer une carrière universitaire et d’occuper plusieurs postes de direction à l’université Minuto de Dios, à Bogota. « Rodolfo se cherchait une vice-présidente, raconte-t-elle. Aucune des cheffes d’entreprises qu’il a contactées n’a accepté sa proposition. Une journaliste lui a fait faux bond. Alors Rodolfo a demandé à ses collaborateurs des CV, j’ai envoyé le mien sur les conseils d’un ami. » C’était il y a trois mois. Mme Castillo n’avait jamais fait de politique. Chef d’entreprise prospère, communicant habile et bien conseillé, pourfendeur de la corruption, Rodolfo Hernandez n’a ni parti ni équipe. Avec 28 % des voix au premier tour, il est arrivé loin derrière M. Petro. Mais il devrait recueillir au second tour le gros des voix du candidat de droite, Federico Gutierrez, évincé de la course avec 23 % des voix. Le candidat de la coalition centriste, Sergio Fajardo, a annoncé qu’il voterait blanc. A dix jours du premier tour, la seule femme en lice pour la présidence, Ingrid Betancourt, crédité de moins de 1% des intentions de vote, avait retiré sa candidature au profit de Rodolfo Hernandez. « Je vote pour Francia, pas pour Petro » Francia Marquez et Marelen Castillo sont toutes deux originaires du sud-ouest du pays. La première a grandi à Yolombo, un hameau perdu dans la montagne, au milieu des torrents et des mines d’or artisanales. Toute jeune, elle commence à se bagarrer contre les compagnies minières transnationales. Sa longue lutte pour la défense du territoire et des communautés paysannes lui vaut en 2018 le prestigieux prix Goldman pour l’environnement. L’année suivante, elle figure sur la liste élaborée par la BBC des 100 femmes les plus influentes du monde. En 2020, elle obtient son diplôme en droit à l’université de Cali. Elle suit aujourd’hui un master en écriture créative. « Ce qui dérange le président Ivan Duque, c’est qu’une femme qui pourrait être son employée de service devienne vice-présidente », lance-t-elle devant les caméras, début mars. La vidéo devient virale.

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