En Algérie, Bouteflika limoge son directeur de campagne

  • 2019-03-03 00:36:49
En l’absence physique de M. Bouteflika, qui ne s’est pas adressé aux Algériens depuis un AVC en 2013, Abdelmalek Sellal se retrouvait en première ligne face à la contestation. C’est la première réponse de la part du président algérien, confronté à une contestation inédite depuis l’annonce de sa candidature à un cinquième mandat. Abdelaziz Bouteflika, s’est séparé de son directeur de campagne, a rapporté samedi 2 mars l’agence officielle algérienne APS. Abdelmalek Sellal, qui avait animé les trois précédentes campagnes victorieuses (2004, 2009, 2014) du candidat Bouteflika, est remplacé par l’actuel ministre des transports, Abdelghani Zaalane. Les motifs de ce changement, qui intervient à moins de trente-six heures de l’expiration du délai de dépôt des dossiers de candidature à la présidentielle, n’ont pas été précisés. Le choix d’écarter Abdelmalek Sellal de cette campagne est loin d’être anodin. En l’absence physique de M. Bouteflika, qui ne s’est pas adressé aux Algériens depuis un AVC en 2013 et qui n’apparaît plus que rarement en public, M. Sellal se retrouvait en première ligne face à la contestation. Son limogeage constitue le premier signe du pouvoir après les manifestations de colère populaire observées dans le pays depuis deux semaines. Aucun responsable algérien n’a en effet jusqu’ici réagi officiellement aux manifestation contre un cinquième mandat de M. Bouteflika, qui célèbre ses 82 ans ce samedi. Hospitalisé en Suisse depuis six jours, officiellement pour « des examens médicaux périodiques », le retour en Algérie du chef de l’Etat n’a toujours pas été annoncé. Toute la semaine, le camp présidentiel a réaffirmé que la contestation n’empêcherait pas le scrutin de se tenir dans les délais et que le dossier de candidature du chef de l’Etat serait remis dimanche au Conseil constitutionnel. Aucune disposition légale ne semble en effet obliger un candidat à se présenter en personne au Conseil constitutionnel pour y déposer son dossier. Le Parti des travailleurs boycotte la présidentielle La mobilisation exceptionnelle du 1er mars peut-elle changer la donne ? Vendredi, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes d’Algérie contre une nouvelle candidature du président. Pour cette seule journée de manifestation, 183 personnes ont été blessées, selon l’agence de presse officielle APS, qui cite le ministère de la santé. Ces manifestations d’ampleur bouleversent aussi l’échiquier politique algérien, alors que l’opposition peine à s’organiser. Pour l’heure, seuls quatre petits candidats ont déposé leur dossier de candidature, tandis que trois figures de l’opposition semblent tergiverser et que le Parti des Travailleurs (PT), petite formation d’extrême-gauche, a renoncé, en raison de la contestation, à présenter un candidat pour la première fois depuis 2004. « A l’exception de deux abstentions, tous les membres du Comité central ont voté pour la non-participation » à la présidentielle du 18 avril, a déclaré Ramdane-Youssef Tazibt, député et membre du bureau politique du PT : « Le parti se devait de prendre en compte le processus révolutionnaire en cours en Algérie. Des millions d’Algériens réclament le départ du système et cette élection présidentielle ne peut pas répondre à cette aspiration réelle au changement. Si le calendrier (électoral) est maintenu, le pays court de gros risques. On ne peut pas participer à quelque chose qui risque de plonger le pays dans l’irréparable. » AFP.

متعلقات