Donald Trump pris au piège de sa propre obsession pour « le mur »
2019-01-11 21:18:45
En endossant la responsabilité du shutdown, Donald Trump lie son sort à la réussite du mur à la frontière avec le Mexique, au moment pourtant le moins politiquement favorable pour lui.
Combien de temps encore les Etats-Unis vont-ils tourner au ralenti ? Depuis bientôt trois semaines, le pays est sous le coup d’un des plus longs shutdown de son histoire politique, laissant nombre d’administrations et de ministères désertés par des fonctionnaires privés d’émoluments. La cause de cette paralysie ? Le mur de 3 200 km à la frontière séparant les Etats-Unis et le Mexique, que Donald Trump entend faire financer à hauteur de cinq milliards de dollars (4,4 milliards d’euros), malgré une Chambre des représentants, passée sous contrôle démocrate à la faveur des élections de mi-mandat, plus que récalcitrante.
Pour parvenir à ses fins, le président américain n’en finit plus d’éructer et d’inventer chaque jour de nouvelles menaces – y compris de recourir à l’état d’urgence pour contourner le Congrès. Un geste politique jusqu’au-boutiste, qui illustre la position difficile dans laquelle s’est placé le locataire de la Maison Blanche. Car c’est bien Donald Trump lui-même qui a fait de cette construction le symbole de son mandat présidentiel, et qui se retrouve aujourd’hui « pris à son propre piège » à l’heure de le concrétiser, rappelle le Washington Post.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump ne cède rien sur son « mur » à la frontière avec le Mexique« Moyen mnémotechnique »L’idée de barricader la frontière avec le Mexique est pourtant loin d’être une innovation du milliardaire américain. Déjà, en 1978, Jimmy Carter faisait voter l’augmentation du budget de la police des frontières pour financer des barrières de trois mètres de haut, baptisées « Tortilla Curtain ». Des velléités bâtisseuses poursuivies ensuite par Ronald Reagan, George H. W. Bush ou le démocrate Bill Clinton, qui fit ériger huit nouvelles sections en taules d’acier ondulées. Enfin, en 2006, George W. Bush faisait passer la Secure Fence Act, prévoyant une nouvelle barrière physique de 1 100 km, sans aucune opposition politique des démocrates. Aujourd’hui, près de 1 200 km de barrières existent déjà entre les deux pays.
Comment le mur à la frontière mexicaine est-il devenu le symbole de la présidence de Donald Trump ? Interrogés par le New York Times sur cette obsession de l’exécutif, des conseillers politiques de sa campagne ont expliqué la genèse de cette promesse de campagne :
« C’était d’abord un moyen mnémotechnique pour que le candidat – qui détestait lire des notes, mais adorait se vanter de ses talents de constructeur – se souvienne de parler de manière dure sur l’immigration, un thème qui devait s’imposer dans sa campagne naissante. »
Le concept, pourtant perçu comme globalement inefficace pour réduire l’immigration illégale par les spécialistes, fait recette. « C’est une idée qui peut être exprimée en un seul mot, ce qui en fait quelque chose de très attirant en matière de marketing », souligne Michael D’Antonio, biographe de Donald Trump. Dans les stades et les salles municipales, les foules reprennent en chœur le slogan « build a wall ! », symbole bétonné de l’intransigeance promise du candidat sur le front migratoire. D’autant que le milliardaire promet de le faire « payer par le Mexique », ce qui électrise son électorat.
AFP.