Rahaf Mohammed s’adresse une dernière fois aux médias
2019-01-15 19:48:24
La jeune réfugiée Rahaf Mohammed, accueillie samedi au Canada, après avoir fui sa famille ultra-stricte en Arabie saoudite, a parlé pour une dernière fois aux médias dans le cadre d’un point de presse, mardi matin.
La jeune femme qui rêvait de liberté, souhaite retrouver une vie privée, hors des feux des projecteurs, tout en s’installant au pays, en apprenant, notamment l’anglais.
Rahaf Mohammed, qui a été reniée par sa famille depuis sa fuite, va continuer de soutenir la cause de la liberté des femmes et souhaite que toutes goûtent un jour à la même liberté qu’elle a connue le premier jour de son arrivée au Canada.
«Aujourd'hui et dans les années à venir, je vais travailler en soutien à la libération des femmes dans le monde. Pour la même liberté que j'ai ressentie en arrivant au Canada», a-t-elle indiqué dans cette brève déclaration de quelques minutes qu'elle a lue dans les locaux de l'ONG canadienne qui l'a prise en charge, sur fond de drapeau canadien.
Rahaf Mohammed, qui souhaite supprimer son nom de famille al-Qunun parce qu'elle dit avoir été reniée par sa famille, s'est exprimée avec aisance et avec le sourire aux lèvres. Ses propos en arabe ont ensuite été traduits en anglais par une interprète.
Barricadée pendant plusieurs jours dans une chambre d'hôtel de Bangkok et armée de son seul téléphone portable, elle avait suscité une mobilisation internationale via Twitter en dénonçant les pressions psychologiques et physiques que sa famille lui infligeait selon elle. Le Canada lui avait finalement accordé l'asile et depuis samedi, la jeune fille a débuté une nouvelle vie à Toronto.
Voici sa déclaration intégrale.
«Je voudrais d’abord vous dire merci. Merci au gouvernement du Canada, à la Thaïlande, au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), et à tout ceux qui m’ont aidée à trouver un pays sécuritaire où je pouvais vivre.
Je fais partie des personnes chanceuses. Je sais que plusieurs femmes sont disparues après avoir tenté de fuir. Quand j’ai entendu aux nouvelles que le Canada avait été sélectionné pour devenir ma nouvelle maison, tout le stress que je vivais depuis les dernières semaines s’est envolé.
Je n’étais pas traitée avec respect par ma famille, je n’avais pas le droit d’être moi-même, ou ce que j’avais envie d’être.
Comme vous le savez, en Arabie saoudite, cette situation est vécue par toutes les femmes, exceptées pour celles qui sont assez chanceuses pour avoir des parents compréhensifs.
Les femmes ne peuvent pas être indépendantes, et elles ont besoin de l’approbation de leur gardien pour faire absolument tout.
Toute femme qui planifie de s’échapper, ou qui s’échappe, est persécutée.
Je veux être indépendante, voyager, prendre mes propres décisions concernant mon éducation, ma carrière, à qui je vais me marier et quand.
Aujourd’hui, je peux enfin dire que je suis en mesure de prendre toutes ces décisions.
Je suis très reconnaissante de toutes les offres de soutien, les logements et les amitiés qui m’ont été présentées.
Merci à tout le monde de m’avoir tendu la main et de m’avoir fait sentir bienvenue dans ma nouvelle maison.
Je comprends que tout le monde, ici et dans le monde entier, me souhaite bonne chance et aimerait continuer à entendre parler de mes progrès. Mais je ne ferai plus d’entrevue avec les médias pour le moment. Je demande à tous de respecter mes souhaits.
J'aimerais commencer une vie privée normale, comme toute autre jeune femme vivant au Canada. Cela commence par mon processus d’installation et, bien sûr, par l’apprentissage de l’anglais.
Aujourd'hui et dans les années à venir, je vais travailler en soutien à la libération des femmes dans le monde. Pour la même liberté que j'ai ressentie en arrivant au Canada.»
AFP.