Au Parlement de La Haye, des députés bernés par d’étranges « comiques » russes
2021-04-29 21:00:20
Un duo d’amuseurs s’est fait passer pour un proche de l’opposant russe Alexeï Navalny et un responsable d’ONG. Connus comme « Vovan » et « Lexus », ils ont également piégé des parlementaires baltes et ukrainiens ainsi qu’un député conservateur britannique.
Consternation à La Haye : la commission des affaires étrangères de la deuxième chambre a été roulée dans la farine par deux imposteurs russes. Ses membres croyaient parler, par visioconférence, à un proche collaborateur d’Alexeï Navalny et au responsable d’une ONG, ils avaient en réalité affaire à deux hommes qui se sont révélés être des « comiques », mais soupçonnés d’avoir des liens avec les services russes et le pouvoir à Moscou.
L’incident s’est déroulé le 21 avril avant d’être révélé par le quotidien De Volkskrant. Les députés voulaient en savoir plus sur le sort de l’opposant au président Vladimir Poutine, malade et transféré dans une structure hospitalière après sa grève de la faim en prison. Et ils pensaient s’informer auprès de Leonid Volkov, dirigeant de l’équipe de M. Navalny, et Ivan Jdanov, directeur de FBK, Fonds de lutte contre la corruption, créée par l’opposant.
Ils ignoraient qu’en fait Vladimir Kouznetsov et Alexeï Stolyarov avaient pris la place des deux intéressés. Ce duo d’amuseurs n’en était pas à son coup d’essai : connus comme « Vovan » et « Lexus », ils venaient de piéger de la même manière des parlementaires baltes et ukrainiens ainsi qu’un député conservateur britannique. A leur palmarès figuraient déjà une dirigeante d’Amnesty International, le président polonais Andrzej Duda, le chanteur Elton John et le prince Harry. Sans oublier Emmanuel Macron, qui pensait parler au président ukrainien mais s’est limité à quelques propos superficiels.
Il a, apparemment, fallu pas mal de temps aux députés néerlandais pour qu’ils se rendent compte, eux, de cette « deep fake », une vaste supercherie. Le sosie de M. Volkov leur avait livré une introduction de quarante-cinq minutes avant de réclamer des bitcoins et d’exhiber un revolver en bois et une tirelire en forme de cochon rose. Aux questions des élus, les deux hommes répondaient systématiquement : « Etes-vous prêts à faire la grève de la faim comme Navalny ? »