Au Mexique, l’« hyperprésidence » d’« AMLO » électrise la campagne électorale
2021-06-01 16:34:51
Alors que le plus grand scrutin jamais organisé au Mexique doit se tenir le 6 juin, le chef de l’Etat, Andres Manuel Lopez Obrador, s’attaque aux autorités électorales.
Jamais un président mexicain n’avait autant discrédité les autorités électorales. Le bras de fer engagé par Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO ») électrise la campagne des méga-élections législatives et locales prévues le 6 juin. « J’exerce juste ma liberté d’expression », martèle AMLO, accusé de violer son devoir de réserve par l’Institut national électoral (INE). L’intéressé dénonce « la partialité » de l’INE au bénéfice de l’opposition. Son « hyperprésidence », qui prend pour cible les contre-pouvoirs, provoque une levée de boucliers face aux risques, selon ses critiques, de « dérive autocratique ».
« Ils veulent nous empêcher de garder la majorité [au Congrès] », répète AMLO, fustigeant « une stratégie factieuse » de la part de l’institut chargé d’organiser et de réguler le plus grand scrutin de l’histoire récente du pays. Le 6 juin, 93 millions de Mexicains sont appelés à élire les candidats à plus de 20 000 mandats, dont les 500 députés, 15 des 31 postes de gouverneur et des milliers de fonctions locales dans la plupart des 2 467 municipalités que compte le pays.
En ligne de mire d’AMLO : les rappels à l’ordre de l’INE contre ses conférences de presse quotidiennes. Un rituel médiatique, instauré par le président depuis son entrée en fonctions en décembre 2018, qui monopolise le débat politique jusqu’aux journaux du lendemain. L’INE a annoncé, vendredi 28 mai, avoir identifié des « propos propagandistes » lors de 29 de ses 36 conférences de presse tenues entre le 5 avril, début officiel de la campagne, et le 20 mai. La Constitution mexicaine interdit aux élus en fonctions de prendre position au cours d’un processus électoral.
La règle colle mal avec l’activisme du président, qui pèse de tout son poids sur la campagne, alors que son Mouvement de régénération nationale (Morena, gauche) joue sa majorité à la Chambre des députés. Chaque matin, durant deux heures, AMLO utilise cette tribune médiatique pour faire l’éloge des avancées de son projet de transformation du Mexique. Sans compter ses attaques répétées envers ses adversaires politiques, qu’il qualifie de « conservateurs ».
« Une attaque contre la démocratie »L’opposition, elle, fait bloc au sein d’une coalition qui couvre l’échiquier politique. Même l’ancienne formation d’AMLO, le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), en fait partie. Les sondages donnent néanmoins la victoire à Morena, porté par la popularité du président qui dépasse les 60 %.