Tragédie en janvier 1979 : 50 morts dans l’explosion du pétrolier le Bételgeuse
2019-01-13 20:39:37
Il y a 40 ans, en janvier 1979, le pétrolier le Bételgeuse explosait au sud de l'Irlande. Aucun survivant dans cette tragédie. Parmi les 50 morts, 11 marins des Côtes-d'Armor
Le 8 janvier 1979, alors que 40 000 tonnes de pétrole léger restaient encore à bord, le Bételgeuse, de la Compagnie Total, le plus grand pétrolier français alors en exploitation, explosait au sud de l’Irlande.
Il n’y eut aucun survivant. Parmi les victimes, cinq marins du Trégor-Goëlo.
« Une onde de choc »« Une onde de choc », titrait le journal Le Marin dans son édition du 12 janvier 1979.
Les colonnes de l’hebdomadaire breton retranscrivaient l’émotion vécue chez les gens de la mer, notamment ceux de la région, juste après la catastrophe.
Aux premières lueurs de l’aube de ce 8 janvier 1979, toute une population a été saisie d’effroi. Les nouvelles brèves entendues à la radio faisaient mal, très mal. Un pétrolier a explosé… Il s’agit d’un pétrolier français… Le Bételgeuse de la Compagnie Total… Aucun survivant…
114 000 tonnes de brutCe 8 janvier 1979, le Bételgeuse décharge ses 114 000 tonnes de pétrole brut chargées en Arabie Saoudite qu’il avait quitté le 22 novembre, au terminal de Whiddy Island, à Bantry Bay, au sud de l’Irlande.
Là où de nombreux pétroliers géants, en provenance du golfe Persique, viennent se délester de leur cargaison, redistribuée ensuite dans l’Europe entière via de plus petites unités.
Le bruit de l’explosion a été perçu jusqu’à 30 kmSoudain, à 2 h (heure française), alors que 40 000 tonnes de pétrole léger restaient encore à bord, le Bételgeuse explose.
Le navire de 281 mètres de long, le plus grand pétrolier français alors en exploitation, sorti des chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire dix ans plus tôt, est littéralement coupé en deux.
50 personnes, dont les 42 membres d’équipage français, sont tuées sur le coup.
Le pétrole contenu dans les cuves se déverse et 24 heures seront nécessaires pour éteindre l’incendie gigantesque qui suivit l’explosion.
Des flammes de plusieurs dizaines de mètres de haut semèrent la panique chez les habitants de Whiddy Island, en raison des risques de propagation à l’ensemble du terminal pétrolier et de ces cuves de stockage.
Onze CostarmoricainsParmi les victimes, outre l’épouse du boulanger à bord qui accompagnait son mari lors de ce voyage, une majorité de marins, bretons et normands.
Parmi eux, onze Costarmoricains dont cinq étaient originaires du Trégor-Goëlo.
Et Le Marin de rappeler dans ses colonnes qu’une telle catastrophe, qui décima en un éclair l’équipage complet d’un pétrolier, faisant 77 enfants orphelins, ne s’était pas produite depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’incendie est dantesque.
Des morceaux de métal sont projetés sur la terre ferme et tombent à quelques mètres des réservoirs de stockage. Les installations sont touchées de par la chaleur et le souffle. L’incendie est dantesque… […] Le bruit de l’explosion a été perçu jusqu’à 30 km et des vitres brisées jusqu’à 15 km.
Plusieurs hypothèsesToujours relatées par Le Marin, plusieurs hypothèses quant aux raisons de l’accident étaient évoquées, comme une explosion plus faible peu de temps avant celle qui fut fatale au navire.
Des marins victimes retrouvés vêtus de gilets de sauvetage laissant à penser qu’ils avaient prédit le danger.
Et si tous les témoins proches de la tragédie y perdirent la vie, d’autres voix se sont fait entendre.
Elles évoquent des problèmes techniques qu’aurait connu le pétrolier lors de précédentes missions comme une coque affaiblie par la corrosion.
D’autres émettent des doutes sur l’état du terminal, sur sa surveillance, les mesures de prévention d’incendie à bord ou les conceptions trop légères des pétroliers d’alors.
AFP.