La marche des «foulards rouges» divise la majorité
2019-01-23 20:43:09
Jusqu’à la dernière minute, ils ont affiché leur proximité. Mardi 22 janvier, alors qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à s’engouffrer dans sa voiture, Angela Merkel lui a proposé de monter dans la sienne afin qu’ils « discutent encore un peu » avant que le premier ne redécolle vers Paris et la seconde vers Berlin. Le président a dit oui, et c’est donc dans la Mercedes noire de la chancelière qu’ils ont quitté Aix-la-Chapelle, deux heures après avoir signé un traité de coopération entre la France et l’Allemagne destiné à « compléter » celui signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, cinquante-six ans plus tôt jour pour jour, à l’Elysée.
Les sourires et les embrassades n’y ont pourtant rien fait, pas plus que les « Angela » et les « Emmanuel » échangés à tout bout de champ. Car cette journée, autant que celle d’une « amitié » chaleureusement célébrée, aura surtout été celle d’une inquiétude impossible à conjurer. Comme si, au-delà de leur complicité, le président français et la chancelière allemande étaient surtout venus dire leur intranquillité.
« Dans tous nos pays, les nationalismes et les populismes ont gagné en importance ; pour la première fois, un pays quitte l’Union européenne, et partout le multilatéralisme est en question. (…) Soixante-quatorze ans après la seconde guerre mondiale, des choses qui avaient fini par aller de soi sont remises en question », a rappelé Mme Merkel. « La menace aujourd’hui ne vient plus du voisin. Elle vient de l’extérieur de l’Europe et de l’intérieur de nos sociétés, si nous ne sommes pas capables de répondre à la colère qui gronde », a souligné M. Macron.
« Colère qui gronde »
Derrière les lourds murs de la salle du couronnement de l’hôtel de ville d’Aix-la-Chapelle, face à un parterre de personnalités acquises à la cause franco-allemande et entre deux airs de Mozart et Debussy joués par un quatuor à cordes, l’allusion à la « colère qui gronde »aurait pu paraître irréelle. Les « Merkel, dégage ! » et les « Macron, démission ! » entendus dehors à leur arrivée, un peu plus tôt, lui ont donné une gravité particulière. S’ils n’étaient que quelques dizaines, ces manifestants, vêtus pour certains de gilets jaunes et brandissant des drapeaux allemands, ont rappelé que les deux dirigeants ont fort à faire pour convaincre que l’Europe est « le bouclier de nos peuples contre les nouveaux tumultes du monde », comme l’a dit M. Macron.